Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles entend lancer quatre groupes de travail, incluant notamment les syndicats et les pouvoirs organisateurs, afin d’élaborer une vaste stratégie pour améliorer le métier d’enseignant et lutter ainsi contre la pénurie des enseignants.

La ministre-présidente Élisabeth Degryse (Engagés) et la ministre de l’Éducation Valérie Glatigny (MR) ont reçu cette semaine les syndicats ainsi que les fédérations de pouvoirs organisateurs pour leur proposer une méthodologie de travail en ce sens.

L’objectif est d’organiser une réunion par mois de chaque groupe de travail thématique. La conclusion est attendue pour septembre prochain déjà, avec la rédaction d’une “note cadre” qui identifiera les mesures et décrets à prendre par le politique pour ressusciter les vocations dans l’enseignement.

Ces groupes de travail aborderont différents sujets, dont le futur contrat à durée indéterminée (CDI) que le gouvernement entend offrir à l’avenir aux futurs enseignants, en remplacement de leur staturisation.

La définition d’un nouveau barème salarial pour les enseignants désormais formés en quatre ans, contre trois précédemment, sera aussi au centre des discussions, a précisé la ministre-présidente en marge d’une rencontre avec un groupe de journalistes jeudi.

Les enseignants (instituteurs, régents) formés jusqu’ici en trois ans bénéficient à l’heure actuelle d’un barème dit “301”, lequel équivaut grosso modo à 80% du barème “501” accordé aux enseignants du secondaire supérieur formés, eux, en cinq années au moins (niveau master).

L’idée est donc de définir un barème intermédiaire pour les enseignants désormais formés en quatre ans. L’accord de majorité MR-Engagés prévoit toutefois de leur demander également de prester deux heures de travail en plus par semaine pour bénéficier du nouveau barème encore à déterminer.

Un large éventail d’autres sujets seront encore abordés par ces groupes de travail ces prochains mois, comme la mobilité des enseignants entre les réseaux, l’aménagement des pôles territoriaux, ou encore la finalisation de la réforme de la formation initiale des enseignants (contenu de la 4e année de formation, organisation des stages, etc).

Outre les représentants syndicaux et les pouvoirs organisateurs, ces quatre groupes de travail compteront aussi des représentants des cabinets ministériels et de l’administration. Ils pourront aussi s’appuyer sur des experts sur ces différentes matières.

Par cette proposition de chantier, la ministre-présidente Degryse entend redonner sa pleine place à la concertation avec les acteurs de l’enseignement, à rebours de ce qui s’est passé ces derniers mois lors l’adoption du budget 2025 de la FWB et les économies décidées dans l’enseignement qualifiant.

Cette ouverture vers les syndicats intervient à quelques jours des 48 heures de grève programmées lundi et mardi prochains par ces derniers pour dénoncer les économies dans le secteur et la fin annoncée de la staturisation des profs.

Du côté syndical, on accueillait plutôt favorablement cette perche tendue par le gouvernement.

“Il n’y a pas de raison de refuser une proposition de dialogue”, commentait ainsi Luc Toussaint, le président de la CGSP-Enseignement, interrogé par Belga.

“On peut discuter bien sûr, mais il faut qu’il y ait une vraie place pour la discussion, et pas juste nous écouter. On verra vite s’il s’agit d’un faux dialogue”.

Le syndicaliste identifie d’emblée des idées intéressantes dans le menu des discussions, comme l’allègement de la charge horaire des profs en fin de carrière.

En revanche, il voit d’un mauvais œil l’idée du gouvernement de revoir par exemple le décret sur les titres et fonctions dans l’enseignement pour y créer une nouvelle fonction d'”assistant-enseignant” afin de compléter les équipes pédagogiques.

Luc Toussaint y voit le risque d’une officialisation d’un rôle de “bouche-trou sans aucun diplôme” dans les écoles.

Aucune date précise n’a encore été fixée pour la première réunion de ces groupes de travail, a précisé le syndicaliste.