La journée de grève observée mardi l’a rappelé: le statut des profs, c’est manifestement tabou !

On peut dès lors s’interroger sur l’obstination du gouvernement à vouloir avancer sur une réforme qui pourrait à terme coûter des centaines de millions d’euros à la Fédération Wallonie-Bruxelles. La chose apparaît difficilement compréhensible au vu du contexte budgétaire actuel, dans lequel cette même Fédération cherche aujourd’hui tous azimuts des économies à réaliser et des fonds de tiroir à racler.

Partant de ce paradoxe, on serait bien tenté d’y voir là cette “attaque idéologique ” que dénoncent les opposants au projet de réforme.

Le simple fait que seuls les profs de l’obligatoire soient visés ne fait d’ailleurs que nourrir cette tentation. Les enseignants du supérieur ne sont en effet pas concernés: parce que, nous dit-on, ils sont moins exposés aux problèmes de nomination et de pénurie. Et c’est précisément là-dessus que le gouvernement insiste pour justifier le bouleversement en préparation dans l’enseignement obligatoire.

Il est vrai que les arcanes de la nomination sont parfois difficiles à appréhender. Et qu’ils génèrent leur lot d’interrogations, d’anomalies. Comme il est vrai que la Fédération semble sur le point de perdre le contrôle sur la pénurie – même si, faut-il le rappeler, celle-ci ne touche pas tous les niveaux, toutes les fonctions ni toutes les zones d’enseignement avec la même intensité.

Vouloir corriger cela apparaît, au final, une idée plutôt louable. Mais c’est donc la méthode qui suscite courroux et incompréhension. D’où cette question: pourquoi ne pas doter chaque nouveau prof d’un “CDIE”… tout en maintenant l’accès à la nomination ?

Parce que, comme dans tout, il y a des abus. On rappellera que le décret sur l’évaluation des enseignants – dont ne voulaient déjà pas les syndicats et qui sera pleinement opérationnel en 2026 – vise à lutter contre ces abus.

Un “CDIE” pour tous ceux qui entrent, une nomination pour tous ceux qui restent, avec une évaluation-sanction pour ceux qui abusent: à défaut de réjouir tout le monde, ce modèle aurait le mérite d’être moins insupportable pour chacun. Y compris pour les finances de la Fédération.