Une école flamande de Saint-Gilles ferme ses classes de troisième primaire, faute d’enseignants

L’école primaire Balder à Saint-Gilles fermera toutes ses classes de troisième année à partir du 5 mai en raison d’une pénurie persistante d’enseignants, selon une information de Bruzz confirmée par l’institution publique chargée de l’enseignement communautaire flamand à Bruxelles.

Dans une lettre aux parents, l’école explique qu’elle ne peut plus garantir un enseignement de qualité. Depuis quelques semaines, les élèves avaient des classes alternées et ne pouvaient aller à l’école tous les jours.

Selon Karin Struys, du réseau d’enseignement de la communauté flamande Go! Brussel, une pénurie générale d’enseignants néerlandophones “frappe particulièrement” la capitale. “L’école est confrontée à une pénurie de personnel depuis un certain temps. On peut commencer avec une équipe complète en septembre, mais une combinaison de grossesses, de maladies et souvent le départ d’enseignants habitant en Flandre qui veulent travailler plus près de chez eux peut mettre une école en difficulté” explique-t-elle.

“Nous avons pris cette décision difficile dans l’intérêt des enfants. De nombreux parents en avaient assez de cette situation, leurs enfants prenaient du retard dans l’apprentissage”, fait-elle également valoir.

“Ma fille n’allait plus à l’école que deux jours par semaine”

“Depuis janvier, ma fille avait à peine cours”, confirme Meriama, dont la fille est à l’école Balder depuis la première année. “D’abord à cause d’un professeur malade, puis à partir de mars, c’est devenu structurel. Ma fille n’allait plus à l’école que deux jours par semaine. Le reste du temps, elle restait à la maison avec des devoirs.”

Une liste de 11 écoles fournie aux parents

La direction s’est engagée à aider les parents à trouver un autre établissement pour leur enfant. L’école a ainsi fourni à ces derniers une liste de 11 écoles avec 38 places disponibles, soit en principe une pour chaque élève, mais pas forcément à proximité de Saint-Gilles, note Bruzz. “C’est une très mauvaise nouvelle, cette situation me stresse beaucoup. Dans la liste des alternatives que nous avons reçue, il y a des écoles à Schaerbeek, Etterbeek, sur Rogier… Je suis une mère célibataire qui travaille à temps plein. Je ne peux pas me déplacer aussi loin pour déposer ma fille (…)”, regrette Meriama.

“Bruxelles n’est pas un employeur attrayant. La violence, la drogue et la crimina­lité de rue font que de nombreux enseig­nants préfèrent travailler plus près de chez eux”

Zuhal Demir, ministre flamande de l’Enseignement (N-VA).

Cette dernière craint que sa fille ne soit pas en mesure de rattraper le retard qu’elle a accumulé: “J’envisageais déjà de l’envoyer dans une autre école à partir de septembre à cause de toutes ces leçons manquées. J’avais déjà déposé une demande auprès de deux autres écoles, mais je n’ai encore reçu aucune réponse. Et maintenant, je dois tout à coup trouver une nouvelle école dans une semaine? Je ne sais pas comment je vais combiner cela avec mon travail.”

Sa fille est en outre triste de quitter ses camarades de classe. “C’est difficile pour une si jeune enfant”, conclut-elle.

“Il se passe bien plus de choses dans cette école qu’une simple pénurie d’enseignants”, défend la ministre flamande de l’Enseignement Zuhal Demir (N-VA). “Lors d’une visite effectuée ce mois-ci, l’inspection de l’éducation a constaté de graves problèmes de capacité dans l’infrastructure scolaire et une gestion défaillante des ressources humaines”, réagit-elle auprès de Het Laatste Nieuws. “La mauvaise gestion de l’école, avec cinq directeurs différents en un an, crée un climat désagréable et une organisation inefficace.”

Zuhal Demir indique également qu’il y a trop d’enseignants sans certification pédagogique dans les classes. “Un problème croissant d’agressivité et de comportement inapproprié chez les élèves” a par ailleurs été constaté par l’inspection, selon la nationaliste flamande.

Toujours d’après la ministre, la situation à l’école primaire Balder illustre la vulnérabilité de l’enseignement néerlandophone dans la capitale. “Bruxelles n’est pas un employeur attrayant. La violence, la drogue et la criminalité de rue font que de nombreux enseignants préfèrent travailler plus près de chez eux”, lance-t-elle. “Néanmoins, nous n’abandonnerons pas les enfants”, promet encore Zuhal Demir.