Les acteurs de l’enseignement dénoncent la complicité de parents dans l’absentéisme des enfants et regrettent l’absence de sanction.
34, c’est le record détenu par un élève. Un exploit qui n’a rien de réjouissant. Au contraire, il alarme l’école. Entre la rentrée scolaire et le 30 novembre, cet enfant a déjà plus d’une trentaine de demi-jours d’absence injustifiée.
“L’absentéisme des élèves est un réel problème. C’est en hausse d’année en année”, commente Eric Berteau, directeur de l’Ecole primaire Sainte-Marie B à La Louvière. “L’année passée, sur les 30 élèves absents, certains ont accumulé 60-70-80 demi-jours sans justificatif.” Certains professeurs confient donner rarement cours à une classe complète.
Enseignants et directions comprennent qu’une chaise reste vide parce que l’enfant est malade ou pour des raisons familiales. Mais ils constatent de nombreuses absences abusives. “On considère mal l’école. Toutes les excuses sont bonnes par rapport à la situation familiale : on la mode de l’enfant absent systématiquement le mercredi, le mal de ventre, la panne de réveil, le rendez-vous médical du matin sans venir à l’école l’après-midi, la panne de chauffage, la dispute de famille qui a fait que le parent ou l’enfant est perturbé… Les parents choisissent la facilité”, liste Eric Berteau. “Il y a des médecins complaisants aussi. Avant je les dénonçais à l’ordre des médecins mais je n’ai jamais eu retour. On a listé les certificats rendus par un élève et on s’est rendu compte qu’il a vu quatre médecins différents sur l’année !”
L’absentéisme volontaire soutenu par les parents agace profondément les professeurs. “Un élève s’est pointé à 10h30 parce qu’il terminait sa partie de jeu vidéo… avec son père”, témoigne un enseignant de secondaire.
Si un jour d’absence justifié ou pas n’impacte pas trop l’apprentissage de l’enfant, c’est autre chose quand ce dernier ne se présente pas régulièrement en classe. Selon les organisations de défense des parents (Fapéo et Ligue des familles) et le délégué général aux droits de l’enfant, le nombre d’élève en décrochage scolaire a quasi doublé en passant de 50 000 à 93 000 entre 2020-2021 et 2023-2024.
Lutte contre le décrochage scolaire : “Le temps presse”, prévient une députée
Manque de sanction
Les enseignants se sentent impuissants face à ce phénomène qui grandit. L’élève a droit à 9 demi-jours d’absence injustifiée sur l’année scolaire. “En septembre, les premières dénonciations ont été rapportées. Les parents viennent seulement recevoir le document rappelant l’obligation scolaire”, pointe Eric Berteau qui n’a pas l’impression que la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) réalise un suivi très efficace. “Je vais peut-être choquer mais il faut taper dans les allocations familiales. Il n’y a que par l’argent que les gens comprennent. Il existe bien déjà une menace d’une amende de 200€ si l’obligation scolaire n’est pas respectée mais, à ma connaissance, un parent n’a jamais réellement été sanctionné.”
Les taux d’absence pour maladie des enseignants en hausse constanteIl n’est pas le seul à plaider pour une pénalité plus forte. “Il est temps que la FWB agisse fermement face à ces absences organisées, ce laxisme et cette irresponsabilité des parents. Quand la prévention ne suffit pas, il faut passer aux sanctions, seul langage compréhensible pour certains”, peste un professeur.
@Zhen-Zhen Zveny