La nouvelle année n’a pas apaisé la colère. Les acteurs de l’enseignement multiplient les actions et les grèves.
Préparez-vous à voir encore moins de professeurs en classe. Les enseignants comptent bien manifester leur grogne et leurs inquiétudes les jours et les semaines à venir en durcissant les actions.
“On a calmé les troupes en fin de trimestre l’année passée maintenant, ce n’est plus possible. La violence est là et elle doit s’exprimer”, lâche Roland Lahaye, secrétaire générale de la CSC-Enseignement. “Les enseignants et les élèves ont morflé depuis le Covid. Les professeurs ont de grandes difficultés à reprendre en main les élèves qui décrochent et partent en vrillent.”
Bref, les enseignants sont à bout. Un préavis de grève à durée illimitée a été déposé pour couvrir toute action à partir du 6 janvier. Des arrêts de travail sont prévus dans différentes écoles. Le 13 janvier, les syndicats proposent de se joindre à la manifestation contre les mesures fédérales envisagées par l’Arizona (pension, etc.). Une action syndicale sera menée le 15 janvier, date du comptage des élèves. Ce moment détermine le nombre d’encadrant et donc de professeurs pour l’année scolaire prochaine.
La semaine du 20, des actions d’information et de sensibilisation sur les mesures qui touchent l’enseignement qualifiant et les projets de la DPC comme la fin de la nomination au profit du CDI seront menées. Le point d’orgue de la mobilisation se termine par 48h de grève les 27 et 28 janvier. Cet appel à se croiser les bras deux jours n’a plus été lancé depuis très longtemps.

“On espère que le gouvernement revienne à la raison et se rend compte qu’il se trompe, qu’il y a des problèmes dans les choix politiques”, argue Roland Lahaye. “Mais ça ne va pas suffire, quand j’entends la position de Georges-Louis Bouchez qui n’apaise pas les choses mais les envenime. D’autres actions sont à prévoir dans les mois à venir.”
“Un petit jeu”
Le président du MR a dénoncé sur les ondes de La Première à la RTBF lundi “un petit jeu” de la part des syndicats. Ces derniers seraient des outils du PS et ne s’en prendraient à la ministre de l’Éducation que depuis que c’est Valérie Glatigny (MR). “On a le sentiment que tous les problèmes du monde de l’enseignement viennent d’arriver et qu’il faudrait manifester contre cette ministre.”
Du côté des syndicats, on s’insurge contre ces accusations sans fondement. Ils assurent s’être aussi mobilisés quand Caroline Désir (PS) était en place mais les mesures libérales seraient bien pires. “On a fait plein de manifestations sous la législature précédente. Les trois grandes ont eu lieu le 10 février 2022 à Bruxelles, le 29 mars 2022 à Mons et le 5 mai à Liège. On a aussi fait une action le 27 septembre 2022 devant le siège du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par contre, ce qui existait avant et qui fait défaut ici, c’est la concertation”, liste Roland Lahaye.
Tant Valérie Glatigny que Georges-Louis Bouchez campent sur leurs positions : pas question de changer de cap. Le CDI à la place de la nomination en 2027, la suppression d’options dans le qualifiant si elle compte moins de 10 élèves et si une offre similaire existe à moins de 10 km à la rentrée prochaine, plus de septième qualifiant et les élèves majeurs en décrochage depuis un an seront dirigés vers une formation du type IFAPME ou l’enseignement pour adulte.
Les modalités et la mise en œuvre sont discutables avec les syndicats et les directions, font savoir les libéraux. Le président du MR n’a pas hésité à pointer des “tracts remplis de fake news” qui circulent. “Il faut arrêter de cet écran de fumée pour cacher des mesures qu’ils justifient par des raisons économiques”, peste la CSC Enseignement. “Il n’y a pas que les organisations syndicales qui sont remontées. Les directions d’école, les fédérations de PO, les associations de parents et les élèves aussi. Les gens ne sont pas naïfs, il faut arrêter d’être méprisant vis-à-vis de l’enseignement. Quand le politique va faire son mea culpa et reconnaître son manque de clairvoyance ?”