Pour la ministre-Présidente Elisabeth Degryse (Les Engagés), il faut anticiper le problème en réduisant le déficit.
La Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait-elle, à l’horizon 2029-2030, ne plus être mesure de payer le traitement des enseignants ? C’est ce que la ministre-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse (Les Engagés) expliquait une nouvelle fois, lundi en commission du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Précisons qu’elle n’affirme pas que cela va inévitablement arriver, mais que c’est un risque. La nuance est importante.
Elle ne considère pas non plus que ses propos sont alarmistes, ils traduisent à ses yeux la réalité, si le déficit de la Fédération devait continuer à se creuser. Elle aura en tout cas prévenu plusieurs fois les citoyens et les députés francophones. Le budget 2026 et ceux qui suivront devront donc mettre à contribution tous les secteurs qui dépendent de la Fédération. Chacun devra y aller de son sacrifice, la survie des finances francophones est à ce prix.
Elle explique aussi que si la note donnée à la Fédération par les agences de notation devait se dégrader, elle transformera “la dette de la Fédération en un produit financier moyen de qualité inférieure. Cela nous posera des problèmes pour trouver engager des emprunts auprès des investisseurs institutionnels sur les marchés financiers. En quelques semaines tout pourrait alors arriver, et nous pourrions nous retrouver à ne plus pouvoir payer le salaire des enseignants”, expliquait-elle aux députés de sa commission. Pour ne pas en arriver là, une seule solution donc, réduire le déficit en le ramenant à 1, 2 milliards d’ici 2029. Elle précise aussi que le problème ne se posera qu’à la fin de la législature ou au début de la suivante. Mais elle ne veut pas attendre sagement et reporter la charge sur le prochain exécutif. Sachant qu’en cas de problème majeur, le fédéral devra se porter garant.
Un risque moindre ?
Les propos de la ministre sont-ils exagérés ? Nous avons posé la question à Etienne de Callataÿ, qui est notamment professeur en finances publiques à l’UNamur. “Sur les marchés financiers, le scénario du pire est toujours possible et il est toujours mieux d’anticiper les risques. Et j’ajouterais que les prédictions autoréalisatrices peuvent aussi jouer un rôle. Certains investisseurs n’accepteraient plus de prêter à la Fédération parce qu’ils pensent que l’institution n’est plus en mesure de rembourser. Mais l’institution a besoin d’argent pour rembourser ses autres créanciers, et si on ne lui prête plus, elle n’est plus en mesure de le faire. Ce scénario est donc théoriquement possible”.
Néanmoins l’économiste nuance son analyse en ajoutant que “la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas très connue au niveau des marché. Ce risque, dès lors, est peut-être moindre.”