Des dizaines d’enseignants du communal liégeois craignent pour leur emploi en raison de la réforme du qualifiant menée par la ministre Glatigny (MR). Le doute subsiste sur le nombre précis d’équivalents temps plein menacés, mais la colère des syndicats est, elle, bien concrète.
Ce lundi, l’échevine liégeoise de l’instruction publique Julie Fernandez Fernandez (PS) recevait les syndicats pour évoquer les impacts concrets de la réforme de l’enseignement qualifiant. L’élue socialiste a alors transmis une estimation du nombre d’équivalents temps plein (ETP) qui pourraient être supprimés dans l’enseignement communal liégeois dès l’année scolaire 2025-2026.
On y évoque la perte d’environ 20 équivalents temps plein. Un nombre qui peine à convaincre Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC Enseignement. “Au départ, on annonce 560 périodes de pertes. Si on divise ce nombre par 24, soit la moyenne entre le plus petit et le plus gros horaire, on obtient déjà 23 équivalents temps plein perdus. On se situe donc au-delà des estimations de l’échevine. Le calcul a été sous-estimé.”
Julie Fernandez se veut toutefois plus prudente, rappelant que l’on ne dispose pas encore de chiffres définitifs. Une version confirmée par le cabinet de la ministre Glatigny. “Il est impossible à ce stade d’évaluer ces pertes car plusieurs enseignants pourraient être réaffectés ailleurs, par exemple dans l’enseignement pour adultes qui reprend les formations”, explique ce cabinet.
Se dirige-t-on vers des fermetures d’écoles ?
Dans les projections de l’échevine, 15,8 pertes d’emploi “directement liées à la réforme du qualifiant” ont été calculées sur base des critères repris dans la réforme. Pour en comprendre les causes, Roland Lahaye pointe plusieurs mesures du doigt. “La ministre Glatigny prévoit de rogner 3 % dans la norme d’encadrement, et des élèves majeurs ne pourront plus poursuivre leur cursus au sein du qualifiant. Enfin, certaines options seront fermées. En additionnant ces trois points, il y a forcément un impact sur l’emploi.” Jusqu’à fermer des écoles entières ? “Non, cela relèverait du fantasme absolu”, répond l’échevine de l’instruction publique.
Qu’adviendra-t-il des enseignants concernés par ces pertes d’emploi ?
Les enseignants ne sont pas les seuls impactés par cette réforme, soutient Roland Lahaye. “On prive les jeunes de poursuivre les études de leur choix en les renvoyant vers l’enseignement pour adultes, qui est moins complet et dont les spécificités ne sont pas les mêmes. Il existe aussi des pertes pour les établissements scolaires, qui doivent se réorganiser. Il y a trois sortes de victimes différentes.”
Du côté de la ministre, on assure toutefois que “des mesures d’accompagnement concernant les élèves comme les enseignants et les établissements sont prévues et ont été annoncées dès mars dernier. les enseignants bénéficieront notamment d’un “élargissement des règles de réaffectation pour favoriser la mobilité inter-réseaux”. “L’ancienneté acquise dans l’enseignement obligatoire sera prise en compte pour faciliter la nomination et l’engagement à titre définitif dans l’enseignement pour adultes”, nous indique-t-on aussi.
L’enseignement liégeois : seul concerné ?
Roland Lahaye craint que le phénomène ne dépasse la région liégeoise. “L’exemple de Liège a émergé parce que c’est là que se trouve l’école d’armurerie (le CES Léon Mignon, Ndlr.), qui est un fleuron de l’industrie en matière d’enseignement. Mais si l’on regarde Namur, par exemple, l’IATA horlogerie est elle aussi menacée de disparition.” Une fois encore, le cabinet Glatigny certifie que les options fermées au sein de l’enseignement obligatoire seront désormais développées dans l’enseignement pour adultes. En ce qui concerne Léon Mignon, l’école ne sera pas fermée, garantit-on.
“L’objectif de cette réforme n’était pas de faire disparaître purement et simplement des filières de formations, mais qu’elles soient développées au sein des opérateurs les plus à même de les organiser pour des élèves majeurs ayant déjà un CESS”, conclut le cabinet libéral.