Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a mis sur la table une série de réformes dans le secteur de l’Enseignement. Réforme du statut, contrat à durée indéterminée pour les nouveaux enseignants, réforme de l’enseignement qualifiant, etc. sont autant de points qui ont déjà suscité des levées de boucliers des enseignants et des syndicats qui les représentent.
Des points sont déjà actés et inscrits au budget 2025. Ainsi, par exemple, dans l’enseignement qualifiant, il n’y aura plus d’accès à la 7e année secondaire pour les étudiants qui sont titulaires d’un CESS (Certificat d’enseignement secondaire supérieur, délivré en fin d’études secondaires).
On parle ici des élèves qui, jusqu’à présent, s’inscrivent en 7e année technique ou professionnelle pour faire une formation supplémentaire ou se spécialiser alors qu’ils possèdent déjà un diplôme CESS. Imaginons, par exemple, un élève diplômé d’un CESS en hôtellerie qui souhaiterait suivre une 7e année de spécialisation en sommellerie.
Du côté du gouvernement, on relève que plus de la moitié des élèves concernés par ces 7es années de spécialisation ont 20 ans et plus et même 21 ans et plus dans 30% des cas.
Ces élèves seront dirigés vers d’autres filières de formations pour adultes, soit au Forem ou à l’Ifapme, par exemple, où des alternatives existent, selon la ministre, dans presque tous les cas à proximité ou dans le même “bassin”.
Les écoles, les élèves et les réseaux d’enseignement concernés seront accompagnés dans la transition, assure-t-on du côté de la ministre de l’Enseignement.
Certaines filières de 7e technique seront cependant maintenues dans trois domaines : les formations de prothésiste dentaire et d’opticien, car la certification n’intervient qu’au terme de la 7e année, et d’assistant des métiers de la prévention de la sécurité, car cette formation fait l’objet d’une convention avec le niveau fédéral.
La réforme s’appliquera dès la prochaine rentrée scolaire 2025-2026.
Fini d’être encore en 3e ou 4e secondaire à 18 ans ou plus
Par ailleurs, les étudiants âgés de plus de 18 ans, en décrochage scolaire depuis plus d’un an, ne pourront plus reprendre leur cursus en 3e ou 4e secondaire. Ces réformes, qui touchent environ 1300 élèves, visent à les rediriger vers des formations pour adultes, notamment au Forem ou à l’Ifapme.
On parle ici d’élèves qui, en raison de leur âge, 18 ans et plus, ne sont plus soumis à l’obligation scolaire. Souvent, il s’agit d’élèves qui ont connu du décrochage scolaire et qui se réinscrivent en 3e ou 4e secondaire.
L’idée de la réforme est d’éviter que ces élèves majeurs ne fréquentent des classes a priori destinées à des élèves de 15 ou 16 ans, et qu’ils se forment aux côtés d’adultes dans le but d’accéder à un emploi.
La date d’entrée en vigueur de cette réforme est aussi prévue pour la rentrée prochaine.
Baisse des normes d’encadrement dans l’enseignement qualifiant
Une autre mesure inscrite au budget 2025, est la diminution des normes d’encadrement dans l’enseignement qualifiant. Le financement de cet enseignement sera réduit et passera à 97% de son niveau actuel. En clair, explique-t-on du côté de la ministre, sur 100 périodes de cours données actuellement, il en restera 97 avec la réforme, soit 3% de périodes de cours en mois.
La réforme vise à inciter les établissements scolaires à se spécialiser en limitant la multiplication des options. Sur 5400 options en Fédération Wallonie-Bruxelles, relève-t-on du côté de la ministre, 2700 comptaient moins de 10 élèves en moyenne dans leur classe. Pour 1300 options, une offre similaire était disponible à moins de 10 kms.
Un accompagnement des élèves concernés par cette mesure est prévu pour les informer et les réorienter.
Selon la ministre, cette réforme n’entraînera pas de pertes d’emplois du côté des professeurs, mais augmentera le ratio nombre d’élèves/professeur dans les options. Il est aussi question, pour la ministre de réaffecter les enseignants concernés. Un accompagnement sera prévu.
Les assurances en matière d’emploi apportées par la ministre contrastent avec l’avis des syndicats qui s’attendent à des réductions d’emploi de l’ordre de 3%.
On ne sait donc pas encore quelles options seraient concernées et quels établissements scolaires seraient visés. Mais cette mesure se mettra en place à la prochaine rentrée également.
Moins d’argent pour le réseau WBE
Le réseau d’enseignement officiel de la Fédération Wallonie-Bruxelles sera mis au régime. WBE, Wallonie-Bruxelles Enseignement, comme les autres OAP, les organismes parastataux, va voir sa dotation gelée au niveau de 2024.
Les conséquences de cette mesure sur les établissements relevant du réseau WBE n’ont pas encore été établies.
La fin des nominations : vrai ou faux ? Pour qui ? Comment ? Quand ?
C’est un point qui a fait énormément parler de lui et qui a contribué à mobiliser les enseignants. Chez ces derniers, la crainte est grande de voir le principe des nominations dans l’enseignement être remis en question.
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a en tout cas acté la fin des nominations en janvier 2025 pour les agents des administrations.
Du côté de la ministre de l’Enseignement et du MR, dans la communication faite au lendemain de la journée de grève des enseignants du 26 novembre, on assure que la fin des nominations n’est “PAS pour les enseignants”. “Il est cependant vrai qu’une réflexion sera menée dans le cadre de la modernisation de la carrière d’enseignant“, précise toutefois ce document.
Par ailleurs, mardi 25 novembre, dans le Journal Télévisé de 13h de la RTBF, la ministre interrogée sur le sujet assurait qu’il n’y aurait “pas de perte de la nomination pour les personnes nommées, pour les personnes qui sont en cours de nomination non plus“. “Il y a une période de transition qui est prévue“, ajoutait la ministre.
Le projet est aussi de créer des contrats à durée indéterminée (CDI) pour les enseignants en début de carrière, “un contrat à durée indéterminée ‘Enseignants’ sur mesure” avec notamment un deuxième pilier de pension pour les jeunes diplômés en quatre ans dès 2027.
Pour le moment, aucun texte n’existe pour baliser cette réforme. La ministre avance qu’il y aura des négociations avec le secteur.
Il n’y a donc, à ce stade, aucune date fixant une éventuelle fin des nominations des futurs enseignants.
Il n’y a pas non plus de précisions sur la nature et les conditions du contrat à durée indéterminée qui serait proposé aux nouveaux enseignants. Par exemple, en matière de pension, rien n’est dit sur la “hauteur” du 2e pilier de pension annoncé et sur la manière de combler l’écart entre le montant de retraite d’un enseignant nommé et celle, inférieure, d’un contractuel.