Dans le cadre de l’opération « Pourquoi », « Le Soir » répond aux questions de ses abonnés sur la rentrée. Découvrez notre réponse à la question posée par Jean-Pierre (Ath).
Les vacances et le salaire des enseignants sont sources de nombreux commentaires et parfois de fantasmes. La situation est pourtant assez simple, du moins pour les professeurs « nommés ». « La croyance populaire qui dit que l’on répartit sur douze mois un traitement équivalent à dix mois de travail des enseignants n’est pas correcte », explique Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC Enseignement. « Les profs nommés sont payés mensuellement, douze mois par an, avec le même salaire. Ce n’est pas dix mois qui sont lissés sur douze. »
La situation est toutefois différente pour celles et ceux qui n’ont pas encore décroché le fameux graal de la nomination, concept remis en cause par la nouvelle majorité MR-Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles. « Historiquement, un professeur avec un statut de temporaire, recevait chaque mois un salaire dont le montant équivalait à 1,2 mois de travail afin de compenser les deux mois d’été », poursuit Roland Lahaye. « Au début des années 80, le gouvernement s’est rendu compte que cela impactait trop le budget en fin d’année civile et a inventé le concept de traitement différencié. »
Depuis, les profs non nommés, qui effectuent donc des remplacements durant l’année scolaire (parfois un temps plein dans la même école durant des années), sont donc payés les deux mois d’été, en fonction du nombre de jours prestés. S’ils ont effectué une année complète, ils touchent un traitement durant l’été. « Par le passé, ils étaient rémunérés dix mois et c’était à eux de mettre de côté pour compenser la fin de leur contrat en juillet et août », ajoute Sébastien Schetgen, administrateur délégué du CPEONS (les écoles secondaires des communes et provinces). « Désormais, une somme est prélevée chaque mois, de septembre à juin, sur leur salaire afin de les rémunérer en juillet et en août. » Les enseignants qui ont cumulé les intérims, sans obtenir un horaire complet, doivent toujours faire appel au chômage.
Un directeur nous donne ainsi l’exemple d’une prof remplaçante qui a touché 1.900 euros en juillet dernier contre 2.500 en juin. La différence devrait être compensée par le chômage, mais il est peu probable qu’elle atteigne le niveau de son salaire de juin.
Pas censé travailler l’été
Les enseignants nommés sont donc payés douze mois par an, les temporaires également, mais avec un salaire moindre, au prorata. Censés remplacer un prof absent ou être en attente d’un emploi vacant, les temporaires ne sont pas censés travailler durant les grandes vacances.
Payés tout au long de l’année, les enseignants nommés ont-ils alors réellement quatre mois de congés payés ou 15 semaines pour être précis ? « Théoriquement, les profs ne peuvent pas travailler entre la fin de l’année scolaire début juillet et sa reprise fin août », confirme Vincent Adam, directeur de l’école Libre de Lonzée dans la région namuroise. « Mais dans les faits, ils sont souvent déjà là une semaine ou deux avant la rentrée pour ranger ou repeindre leur classe. On risque d’ailleurs des problèmes au niveau des assurances. Il n’empêche que contractuellement, cette année, ils reprennent le travail le 26 août. Un prof aurait le droit de refuser de venir à une réunion qui se tiendrait avant cette date. Or, on est bien obligé d’organiser la rentrée. »
@Le Soir Par Maxime Biermé et Charlotte Hutin