Les élèves de 6e primaire ont passé les épreuves du CEB cette semaine. Les résultats seront connus dans les prochains jours. Les taux de réussite sont généralement bons. Pourtant, on entend souvent des critiques vis-à-vis de ces épreuves qualificatives. Certains estiment que le CEB est devenu trop facile. Est-ce le cas ?

Pour cette enquête, nous avons engagé des assistants : trois élèves, parmi les plus brillants de la classe. Ils viennent de passer les épreuves du CEB 2025. Nous leur soumettons la copie de 2008 pour comparer.

Pour Aisha, 12 ans, le questionnaire des « grandeurs » était plus difficile parce qu’il était plus long. Mais pour Solena, également 12 ans, la difficulté était assez similaire. Elle note, cependant, qu’il y avait des choses dans le questionnaire de 2008 qui n’étaient par présentes dans la version de 2025.

Mikay rejoint Solena et va même plus loin. Pour lui, il n’y a pas photo : le questionnaire « solides et figures » de 2008 était beaucoup plus difficile que celui de cette année qu’il a jugé de « super simple ». « Pour un passage en secondaire, il est devenu beaucoup trop simple », poursuit-il avec assurance, du haut de ses 11 ans.

Difficulté stable

Pour la directrice de la direction des standards éducatifs et de l’évaluation à la Fédération Wallonie-Bruxelles, Iris Vienne, la difficulté des questionnaires sont stables. Ils ne sont pas plus faciles, ni difficiles.

« Au niveau du graphisme [des cahiers d’épreuves], cela a beaucoup évolué », reconnaît la directrice, tenant dans ses mains un exemplaire de tous les CEB depuis 2008, année où le certificat de base est devenu obligatoire, « mais au niveau du contenu des questions, on est vraiment sur le même type de questionnements. »

« Les épreuves sont toujours conçues sur la base du même référentiel qui s’appelle le ‘socle de compétences’ depuis 2008. Et donc on évalue toujours les compétences de base à acquérir de la même façon. »

Un questionnaire équilibré

Ce qui ne veut pas dire que les questions sont les mêmes chaque année : « elles doivent bien évidemment être inédites et donc, différentes d’une année à l’autre » pour éviter toute tricherie.

Le problème viendrait du fait qu’on se focalise sur une question en particulier, plus facile que les autres, « mais en fait une épreuve, c’est un équilibre de questions faciles et de questions qui sont plus difficiles ».

La stabilité dans les taux de réussite lui donne raison : il était de 87,7 % en 2008 et de 87,2 % l’an dernier.

Des différences notables entre les écoles

Mais ces résultats sont-ils représentatifs du niveau global ? « On est un pays où il y a l’une des plus grandes différences entre les écoles au monde », souligne Ariane Baye, professeure en sciences de l’éducation à l’ULiège. « Dans certaines écoles, le CEB peut paraître facile parce que les enseignants auront vu ça largement et sans problème et, effectivement, dans d’autres écoles, il peut paraître très difficile. »

Confirmation dans cette école, où les 6e primaires semblent avoir survolé l’épreuve. « Je m’attendais à pire, mais c’était très facile », assure l’un d’entre eux, « très facile », juge une élève.

Est-il trop facile de passer en secondaire ?

Joëlle De Jonckereest enseignante depuis 40 ans. Elle pointe une évolution dans l’interrogation et l’enseignement, sans pour autant que ça soit plus facile. « On va demander aux enfants d’être chercheur, d’arriver à justifier, on est peut-être un peu moins dans des savoirs pur, mais plus dans des questions un peu plus complexes », explique-t-elle.

Dans cette même école, en 2008, on se questionnait justement sur la difficulté d’une épreuve. Aujourd’hui à la retraite, l’ex-directeur estime que le CEB a perdu sa crédibilité : « Dans les critères de correction, la Communauté française fait un maximum pour que tous les élèves réussissent. Le seuil de réussite est quand même très tolérant.»

Pas une évaluation de l’intelligence

Le seuil de réussite est effectivement très critiqué. 50 % et le CEB est validé. Certains voudraient le passer à 60 %, mais pour Ariane Baye, ce n’est pas la solution. « Ce n’est pas en rendant une évaluation plus difficile qu’on va mieux apprendre aux élèves. C’est travailler à l’envers. Il faut complexifier les choses dans l’enseignement plutôt que dans l’évaluation via les programmes qui pourraient être plus exigeants avant de se tourner vers l’évaluation. »

Par ailleurs, comme le rappelle Bruno Humbeeck, psychopédagogue, le CEB a pour but de « permettre à l’enfant de se situer, à ses parents de situer l’enfant » dans son parcours d’apprentissage, « mais sans en faire une évaluation de son intelligence, de ses capacités scolaires ». Le CEB « permet de déterminer où il se trouve sur le parcours d’apprentissage et ce qui doit être fait pour que ce parcours puisse se continuer dans les meilleures conditions possibles. »