Pour responsabiliser les parents, le gouvernement veut encore durcir le dispositif. Mais certains s’interrogent sur l’efficacité de la mesure.
C’est un chiffre que la députée Katrien Schryvers (CD & V) a demandé et obtenu : les parents de 8 223 élèves (ou à de rares exceptions près, des élèves eux-mêmes) inscrits dans l’enseignement flamand se sont vu réclamer le remboursement du supplément scolaire (schooltoeslag) dont ils avaient bénéficié. La raison ? Ces jeunes flamands ont été trop souvent absents de l’école sans pouvoir le justifier et n’ont donc pas respecté l’obligation scolaire.
Les montants de cette allocation sont assez variables. Ils vont de quelques centaines d’euros à, dans les cas les plus exceptionnels, quelques milliers d’euros. Cela dépend à la fois du type d’enseignement fréquenté par l’élève, de son statut familial et des revenus de ses parents (ou des siens s’il est majeur). Il est versé en début d’année scolaire. L’idée, c’est d’éviter aux familles dans le besoin de basculer dans une précarité plus grande encore à cause des frais de la rentrée scolaire – achat de fournitures, de livres, frais d’excursion – qui peuvent grever lourdement les revenus d’un ménage. Ce dispositif qui existe également en Wallonie et à Bruxelles bénéficie à un gros 500 000 élèves inscrits dans une école flamande.
Un nombre qui risque d’exploser
Ce soutien, en Flandre, n’est cependant pas inconditionnel. Le remboursement du supplément scolaire est ainsi réclamé aux parents s’il s’avère que le jeune qui a ouvert ce droit n’a pas suivi assidûment les cours. C’est-à-dire, pour être plus précis, s’il affiche plus de 29 demi-jours d’absence injustifiée (dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un élève est considéré comme “libre” s’il a plus de 20 demi-jours d’absence sans justification). Et durant deux années consécutives.
Le nombre de jeunes ayant droit à cette allocation scolaire et qui ne respectent pas leur obligation scolaire semble assez stable. Selon les chiffres de l’administration, il y en a eu 8 109 demandes de remboursement du supplément scolaire durant l’année scolaire 2022-2023 et un tout petit peu plus, 8 223, pour 2023-2024. Mais les statistiques risquent de s’affoler à l’avenir. Le gouvernement flamand envisage en effet d’appliquer la mesure de recouvrement après une seule année d’école buissonnière seulement et plus après deux.
L’objectif, derrière cette mesure, est de responsabiliser les parents des élèves, de les pousser à suivre le plus attentivement possible leurs enfants pour éviter qu’ils se mettent en situation de décrochage scolaire. Le risque de perdre un soutien financier doit les inciter à serrer leur progéniture au plus près.
Un dispositif aux résultats mitigés
Seulement voilà. Le dispositif, instauré il y a 20 ans par Frank Vandenbroucke (Vooruit), alors ministre flamand de l’Enseignement, ne semble pas porter ses fruits. Selon les chiffres du Centrum voor Leerlingenbegeleiding (CLB, l’équivalent flamand des Centres psycho-médico-sociaux) répercutés cette semaine par De Morgen, 16 896 élèves de l’enseignement secondaire à temps plein ont été illégalement absents pendant plus de 29 jours l’année dernière. Cela représente une augmentation de 71 % en cinq ans. La peur de perdre une allocation ne suffit donc pas. Les parents sont parfois bien démunis face à l’attitude de leurs enfants. Ils ne peuvent d’ailleurs pas les suivre à la trace toute la journée. Normalement, le CLB doit entrer en contact avec la famille quand un enfant marque des signes de décrochage scolaire. Mais ses responsables avouent que ce n’est pas toujours possible à cause d’un manque de personnel.
La pertinence de durcir encore le dispositif semble en tout cas cette fois mise en doute. Même dans la majorité régionale. “Le remboursement de l’allocation scolaire devrait toujours s’accompagner d’un suivi par le biais d’un parcours, a fait valoir la députée Katrien Schryvers. Pourquoi cet élève est-il si souvent absent ? Y a-t-il quelque chose qui se passe dans cette famille ? Aujourd’hui, nous naviguons à l’aveuglette : nous ne savons pas combien de procédures d’accompagnement de jeunes ont été amorcées et quel est l’impact du recouvrement sur ces familles. Avant de savoir cela, un durcissement n’est pas souhaitable.”