L’IBSA a réalisé un focus chiffré sur la distance entre l’école et le domicile des enfants bruxellois.
La moitié des élèves domiciliés en région bruxelloise habitent à moins de 1,2 kilomètre à vol d’oiseau de leur établissement scolaire, révèle un nouveau focus de l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (IBSA). L’étude se penche sur la distance entre domicile et école pour les enfants bruxellois, qu’ils soient scolarisés dans la région ou au-delà de ses frontières.
« Plus une école est proche, plus le trajet est simple à intégrer dans l’organisation familiale. Cela réduit l’impact sur les horaires et les activités du ménage », explique Morgane Van Laethem, l’une des autrices de l’étude. Sans surprise, les élèves vivant dans le centre de Bruxelles, notamment dans le Pentagone et la première couronne, parcourent des distances plus courtes que ceux vivant en périphérie. « La différence est particulièrement marquée entre le nord-ouest de Bruxelles et des quartiers comme les deux Woluwe », précise-t-elle.
Distances variables en fonction du niveau
Les élèves néerlandophones, eux, sont plus susceptibles de quitter la région pour étudier, ce qui allonge considérablement leurs trajets. Le niveau d’enseignement influence également les distances : en maternelle, elle est de 0,7 km ; en primaire, 0,9 km ; et en secondaire, 2 km. « Les écoles secondaires sont plus grandes et moins nombreuses, ce qui oblige les élèves à se déplacer davantage. L’offre d’options spécifiques peut également peser dans le choix de l’établissement qui oblige donc parfois les élèves à réaliser des trajets plus longs », note Morgan Van Laethem.
Dans l’enseignement spécialisé, la situation est encore plus problématique : les enfants parcourent en moyenne 3,3 fois plus de distance que dans l’enseignement ordinaire, et ce, à tous les niveaux. « Le nombre d’écoles spécialisées est restreint et tous les types d’enseignement (de 1 à 8) ne sont pas proposés partout », souligne la chercheuse.
Jonathan Moreau, directeur de l’école spécialisée primaire et secondaire Schaller à Auderghem, confirme cette réalité. « Il manque clairement d’écoles spécialisées à Bruxelles et les places sont limitées. Nos élèves traversent parfois toute la ville pour venir chez nous », explique-t-il. Pour limiter les embouteillages, l’école a adapté ses horaires de cours : ceux-ci se terminent à 15 heures au lieu de 16 heures. L’école Schaller accueille les types de handicap 1, 2, 4 et 8, ce qui contraint les familles à faire des choix parfois difficiles.
Transport par la COCOF
La COCOF organise le transport des élèves de l’enseignement spécialisé bruxellois mais pour les enfants venant d’autres régions, le système est plus complexe. « Ils doivent rejoindre un point de rendez-vous à Bruxelles par leurs propres moyens avant d’être pris en charge », précise Jonathan Moreau. Faute de place, certains parents renoncent même à inscrire leur enfant à l’école Schaller. « Ils n’ont souvent pas d’autre choix, toutes les écoles sont pleines », déplore-t-il.
Pas d’école pendant deux mois
À l’IRSA (Institut Royal pour Sourds et Aveugles) à Uccle, qui accueille les handicaps de types 1, 6 et 7, le manque de transport a empêché un élève de rejoindre les bancs de l’école pendant deux mois et demi en début d’année scolaire. « Cet enfant vivait dans une zone isolée où aucun autre élève de cette école habitait et donc hors des circuits de transport de la COCOF. Il n’y avait tout simplement pas de solution pour lui », explique Quentin Visart, secrétaire administratif de l’école secondaire. Après de longues démarches, un taxi privé a été mis en place mais ce service ne pourra pas être reconduit l’an prochain, faute de budget.
L’école et les parents de l’élève envisagent donc de le mettre à l’internat de l’école l’année prochaine. « Cela permettrait aux parents de réduire le nombre de trajets à deux fois par semaine : le dimanche soir et le vendredi après-midi », explique Quentin Visart.
Les interruptions de transport ne sont pas rares : un chauffeur malade ou indisponible peut empêcher plusieurs élèves de venir en classe pendant plusieurs jours. « Dans ces cas-là, on prépare du travail à domicile via Smartschool », conclut Quentin Visart, le secrétaire administratif de l’école secondaire.