C’est assurément la consternation voire l’effroi qui a dû saisir les députés du Parlement flamand, mercredi, à la lecture du titre qui barrait la Une du Standaard de part en part : “De nombreux futurs enseignants ne parviennent pas eux-mêmes à atteindre les objectifs fixés pour l’enseignement primaire”. Le quotidien flamand avait réussi à mettre la main sur les résultats du test imposé aux futurs enseignants à l’entrée de leur parcours dans le supérieur.
Ces starttoets avaient été introduits par l’ancien ministre flamand de l’Enseignement – et actuel ministre du Budget – Ben Weyts (N-VA). Leur objectif est d’évaluer le niveau des étudiants qui se destinent au métier de prof et, le cas échéant, combler les lacunes qui auraient été identifiées. L’idée, assez simple au demeurant, est de considérer que pour avoir des élèves de qualité, il faut des enseignants de qualité.
En pratique, ces tests portent sur trois matières de base : le néerlandais, les mathématiques et le français. Pour les math et pour le français, les étudiants sont testés sur leur maîtrise des objectifs minimaux (“minimumdoelen”) de fin de primaire. Pour le néerlandais, il s’agit des objectifs minimaux pour les élèves du secondaire dans la filière technique. Les étudiants qui n’obtiennent pas la moitié des points dans une ou plusieurs de ces compétences doivent suivre des cours de remédiation. Et s’ils se situent juste au-dessus des 50 % mais en dessous des 67 %, ils seront invités à en suivre – sans y être obligés. Précision quand même : il est demandé aux élèves de ne pas bachoter avant de passer les tests pour pouvoir se forger une image sincère de leurs connaissances actuelles.
Souffrance en math et en français
Les résultats sont catastrophiques. C’est particulièrement vrai en mathématiques et en français. En mathématiques, un étudiant sur trois n’atteint pas le minimum requis pour les élèves de 12 ans. Et un autre tiers l’atteint péniblement. Pour le français, c’est pire encore : 43 % échouent au test et 27 % le réussissent de justesse.
Pour le néerlandais, les résultats sont meilleurs. Mais les scores ne sont pas extraordinaires non plus. Moins de 3 % des quelque 7 000 participants obtiennent un score compris entre 85 et 100 %. En outre, les résultats ne sont pas beaucoup plus élevés auprès des élèves issus des écoles d’enseignement général que parmi les élèves de technique ou de professionnel.
Un procès de l’école secondaire
Ces résultats ont évidemment été commentés longuement mercredi en séance plénière du Parlement flamand. Prétextant ne les avoir reçus que le matin même, la ministre flamande de l’Enseignement, Zuhal Demir (N-VA) a préféré ne pas valider les résultats catastrophiques dévoilés dans la presse. Elle ne les a pas démentis non plus. Elle s’est en revanche efforcée de rassurer l’opinion publique sur la qualité du corps enseignant. La ministre nationaliste a bien indiqué que ces tests mesurent le niveau des étudiants avant même qu’ils commencent leurs études. C’est donc le procès de l’enseignement secondaire qui peut être instruit. Pas le niveau des enseignants flamands – qui “est excellent”, a-t-elle martelé à la tribune du Parlement flamand.
Et ce, pour deux raisons. Premièrement, une bonne partie de ces étudiants ne deviendront pas prof. La moitié d’entre eux seulement arriveront à décrocher leur diplôme. Il semble même, toujours d’après Zuhal Demir, que 7 % de ces étudiants renoncent à commencer leur parcours après avoir reçu le résultat de leur test d’entrée. Deuxièmement, les efforts de remédiation ainsi que la qualité de l’enseignement qui leur sera dispensé les remettront rapidement à un bon niveau.
Il n’en reste pas moins que la qualité de la formation des enseignants est devenue, en Flandre, une préoccupation majeure. Car elle a une incidence fondamentale sur le niveau de l’enseignement dont la mesure est en baisse dans les études internationales Pisa. Zuhal Demir espère beaucoup de la réécriture en cours des objectifs minimaux dans l’enseignement qui doit mieux former les élèves qui sortent des écoles flamandes. Et elle promet que d’ici la fin de l’année, elle viendra avec une réforme des écoles pédagogiques.
Vincent Rocour
Chef du service Belgique