Valérie Glatigny est sous le feu des critiques. Elle était l’invitée de LN Matin et n’a esquivé aucune question.
La grogne fait rage au sein du monde enseignant. Et une femme politique est particulièrement dans le viseur des professeurs : Valérie Glatigny. La libérale est la ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et elle était présente ce mercredi matin aux micros du Café Sans Filtre de Maxime Binet.
L’un des points fondamentaux de la réforme que le nouveau gouvernement veut opérer concerne le statut des professeurs. Bye bye le système des nominations, bonjour les CDI. Une idée qui a moyennement convaincu les syndicats. Pour preuve la grève générale de ce mardi.
Pour Valérie Glatigny, ces nouveaux contrats répondent à un problème : l’exode des jeunes enseignants. Selon elle, il y en a un sur trois qui quitte le métier dans les cinq ans. Ce qui est évidemment problématique. “Les jeunes qui se lancent ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ils n’ont aucun statut d’intérim puisqu’ils passent d’intérim en intérim. Ils n’ont aucun statut au début de leur carrière. Ils doivent faire plusieurs écoles avant d’attendre la nomination. Ce mode de fonctionnement-là, je crains que ça ne corresponde plus aux attentes des jeunes enseignants.”
Reste deux questions centrales, celle des salaires et des pensions.“On ne veut évidemment pas créer une perte de droit. Sinon, on ne répondra pas à la question de la pénurie”, tranche-t-elle. “Pour commencer, ce CDI sera sur mesure avec un deuxième pilier de pension. Ensuite, il y aura une revalorisation barémique comme on s’était engagé à le faire. L’idée, c’est de pouvoir mieux retenir les jeunes enseignants dans le métier en leur donnant une stabilité et aussi en valorisant mieux le fait qu’ils ont 4 ans pour se former et plus 3.”
Via ce système, Valérie Glatigny espère faire un saut qualitatif pour les enseignants afin qu’ils soient mieux formés. “N’oublions pas que notre objectif numéro 1, c’est quand même d’améliorer la qualité de l’enseignement et ça, ça passe par une meilleure formation des enseignants eux-mêmes. Et donc, il y a vraiment une valorisation de la quatrième année avec un meilleur salaire.” Aucun chiffre n’a encore été donné pour connaître l’ordre de cette valorisation.
Le qualifiant beaucoup moins financé
Les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont au plus bas. Pour Valérie Glatigny, il faut rationaliser certaines parties de l’enseignement. À commencer par le qualifiant. “En tout, il y a 5400 options pour le qualifiant, dont la moitié sont fréquentées par moins de dix élèves. Parmi ces 2700 options, il y en a 1300 pour lesquelles une offre existe à moins de dix kilomètres. Si on veut continuer à pouvoir organiser un enseignement de qualité, il faut éviter les doublons.”
Cela ne signifie-t-il tout de même pas qu’on laisse certains élèves sur le carreau ? Puisqu’un apprentissage en petit groupe peut évidemment permettre à beaucoup d’entre eux de s’épanouir. “Ces toutes petites options qui rassemblent 2, 3, 4, 5 élèves par classe, c’est évidemment formidable parce qu’on peut faire un enseignement sur mesure. Mais c’est quelque chose qui est extrêmement difficile à tenir sur le plan budgétaire.”
Pour la libérale, il faut aussi relativiser cette baisse de financement pour les professeurs. “Lorsque l’on parle de 3%, cela veut dire que 3 heures de cours ne seront plus financées sur 100. Les professeurs impactés devront aller chercher quelques heures de cours ailleurs ou donner un autre cours. Ce qui concerne finalement très peu d’enseignants. Je suis beaucoup plus inquiète pour les questions de pénurie.”