La majorité MR-Engagés a repoussé lundi en commission du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles une proposition de résolution de l’opposition PS appelant à l’extension de la gratuité des fournitures scolaires à la 4e année primaire dès la rentrée prochaine.

Depuis 2019, la Fédération Wallonie-Bruxelles assure de manière progressive la distribution gratuite des fournitures scolaires de base (crayons, marqueurs, cahiers…) aux élèves de la maternelle jusqu’à la 3e primaire actuellement.

Dans sa proposition de résolution, le PS demandait l’extension de ce dispositif vers la 4e primaire à la rentrée scolaire prochaine, ainsi que la fixation d’un calendrier prévisionnel de mise en œuvre jusqu’à la fin de la 6e primaire.

« C’est une affaire de service public »

« La gratuité scolaire est garantie par la Constitution et plusieurs conventions internationales sur le droit des enfants dont la Belgique est signataire », a souligné le chef de groupe socialiste, Martin Casier. « C’est une affaire de service public qui ne concerne pas que les précarisés », a-t-il ajouté.

Dans leur accord de majorité, MR et Engagés ont prévu « d’évaluer » les mesures de gratuité et de les « adapter » le cas échéant. Une formulation qui, selon l’opposition, pourrait potentiellement conduire à la non-extension, voire la suppression, du dispositif.

Pour M. Casier, cette résolution du Parlement avait pour but d’envoyer un message clair au gouvernement afin qu’il prévoie les moyens budgétaires pour cette extension dans son budget 2025, actuellement en cours de confection.

Sans grande surprise, le texte a toutefois été rejeté par les députés de la majorité bleu turquoise. PTB et Ecolo ont, eux, voté pour.

Lors du débat souvent tendu, la cheffe de groupe des Engagés, Mathilde Vandorpe, a assuré que son parti soutenait la poursuite de l’extension du dispositif de gratuité, mais qu’il était opportun d’évaluer préalablement ses effets en termes de surconsommation, d’impact écologique ou de thésaurisation du matériel, s’est-elle justifiée.

« Evaluation ne veut pas dire suppression »

« Evaluation ne veut pas dire suppression ! », a insisté l’élue devant l’opposition, accusée de répandre des fake news à ce sujet.

Au nom du MR, Stéphanie Cortisse s’est, elle, montrée nettement plus critique envers la gratuité, qualifiée « d’obsession, de dogmatisme et de religion des partis de gauche ».

« Rien n’est jamais gratuit. Au final, il y a toujours quelqu’un qui paie l’addition, et c’est le contribuable », a-t-elle martelé. Etendre la gratuité coûtera plusieurs millions d’euros supplémentaires. Or, la situation budgétaire dégradée de la FWB (un milliard d’euros de déficit, ndlr) contraint à faire des choix. Et les libéraux préféreront mettre l’argent « dans l’encadrement des enfants plutôt que dans des plumiers garnis. Il faut choisir ses priorités », a-t-elle lancé.

Le dispositif de gratuité scolaire coûte actuellement 20 millions d’euros par an à la FWB. Il permet aux familles de faire en moyenne 100 euros d’économies, selon un calcul récent de la Ligue des familles qui plaide elle aussi pour l’extension de la gratuité à la 4e primaire dès l’année prochaine. La mesure coûterait 4 millions d’euros supplémentaires à la FWB.

A l’occasion rentrée des classes à la fin août dernier, la ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) avait assuré au micro de la Première (RTBF) que « la gratuité ne serait pas remise en cause », mais qu’elle entendait néanmoins évaluer son impact et sa mise en œuvre sur le terrain.