Avec 17 % de naissances en moins depuis 2019, la Région bruxelloise voit son nombre d’élèves inscrits en première primaire diminuer.
Depuis 2010, la Belgique connaît une forte décroissance du nombre de naissances. À l’exception de l’année 2021 marquée par le Covid, le nombre de naissances en Belgique a diminué de plus de 5 % entre 2019 et 2023 selon l’institut belge de statistiques (Statbel). À Bruxelles, le constat est encore plus interpellant. Les maternités de la capitale ont dénombré 17 % de naissances en moins au cours de la même période. La Région bruxelloise n’a d’ailleurs pas connu le rebond de 2021 – après la chute vertigineuse observée durant la période 2019-2020 – qui a été observé ailleurs en Belgique.
Cinq ans plus tard, cette situation se fait ressentir dans les inscriptions en première primaire. Pour certains parents qui nous ont dit avoir rencontré moins de difficultés que les autres années pour inscrire leur enfant en première primaire dans l’école de leur choix, c’est une aubaine. Mais cette dénatalité pourrait aussi provoquer de potentielles fermetures de classes si celles-ci n’atteignent pas le minimum requis d’élèves..
Une réorganisation des écoles
Le réseau Wallonie-Bruxelles enseignement (WBE), qui chapeaute 23 écoles fondamentales de l’enseignement officiel à Bruxelles, constate “depuis plusieurs années, une baisse des chiffres de la population scolaire à Bruxelles, en raison de la dénatalité, notamment“. La porte-parole du réseau officiel confirme que la diminution du nombre d’inscrits dans les écoles bruxelloises aura un impact sur l’organisation des écoles. “Cette baisse de la populationest plus importante encore en maternelle et se ressent ensuite dans le primaire, obligeant parfois nos écoles à se réorganiser, voire à diminuer leur nombre de classes.“
Une situation pour laquelle WBE se sent impuissant comme l’affirme sa porte-parole. “Ce phénomène se constate malheureusement indépendamment de la motivation, de l’investissement et de tous les projets de nos équipes éducatives.“
Une diminution de la population scolaire
L’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (IBSA) estime que la population dans les écoles primaires bruxelloises diminuera de plus de 7 000 enfants d’ici à 2029. Ce qui aura naturellement des conséquences sur le nombre d’enseignants nécessaires dans les classes. Une étude publiée en décembre par le Centre de recherches en économie régionale et politique économique de l’UNamur (Cerpe) a tenté d’anticiper l’évolution du nombre d’instituteurs en équivalent temps plein (ETP) dans l’enseignement francophone jusqu’en 2029 en tenant compte, notamment, de l’évolution démographique. Les chercheurs ont projeté une perte de 1 765 instituteurs de l’enseignement primaire ordinaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles durant la période étudiée.
Le contexte économique, écologique et géopolitique global pousse certains parents à désirer moins d’enfants qu’auparavant
Moins de désir d’enfant
Le phénomène de dénatalité qui touche la Belgique et plus particulièrement Bruxelles peut s’expliquer par le contexte économique, écologique et géopolitique global, comme l’explique Jean-Pierre Hermia, démographe à l’IBSA. “Le contexte global pousse certains parents à désirer moins d’enfants qu’auparavant. La baisse de natalité ne vient d’ailleurs pas d’une diminution du nombre de mamans, mais bien d’une baisse de la fécondité. Autrement dit, du nombre d’enfants par mère“, explique-t-il.
Pour expliquer le fait que la dénatalité est plus prononcée à Bruxelles qu’ailleurs, Jean-Pierre Hermia avance l’hypothèse d’une délocalisation de certains habitants vers la périphérie. “Avant, les Bruxellois quittaient la ville pour s’installer en périphérie après avoir eu leur premier enfant. Désormais certains parents déménagent avant d’avoir des enfants.” Un constat qui n’est, selon lui, pas à mettre en lien avec un effet post-Covid.