En cette saison de blocus et d’examens, il faut connaître sa matière mais aussi savoir dans quel jeu on joue en matière de réussite et de finançabilité. Le point.

Etudiez qu’ils disaient… C’est le moment, c’est l’instant… De Bruxelles à Arlon en passant par Mons, Namur, Liège… 225.000 étudiants vivent à l’heure de la session d’examens. Et pour plusieurs dizaines de milliers d’entre eux, c’est une première. Après un printemps chahuté sur le sujet, après des changements de législation en sens divers, il n’est pas inutile de rappeler aux néophytes et à ceux qui les ont précédés – et le cas échéant à leurs parents – les règles en vigueur. Voici les six choses à savoir pour étudier « serein ».

1. Les différents décrets

Rendons à Jean-Claude Marcourt (PS) ce qui appartient à Jean-Claude Marcourt : c’est à lui qu’on doit la notion de « décret Paysage » (qui réorganise le fonctionnement de l’enseignement supérieur). Elle a été mise en application il y a tout juste dix ans. Elle consacrait le principe d’une progression dans les études par accumulation de crédits et non plus par l’addition des années de bac et de master. Après de multiples aménagements corrigeant les maladies de jeunesse de cette législation, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR) a mis en place une profonde réforme à la rentrée 2022-2023. Il s’agissait de baliser plus sévèrement le parcours de réussite de façon à endiguer la procrastination chronique qui s’était emparée des auditoires. Après une période de transition, cette version devait s’appliquer à tous les étudiants à la rentrée 2024-2025. Sauf qu’il est apparu au printemps que quelques milliers d’étudiants allaient subir des dégâts collatéraux et risquaient de ne plus être finançables. On s’en souvient, après une crise politique grave, une majorité alternative a, au printemps dernier, amnistié les jeunes concernés en décrétant que tous les étudiants poursuivant dans le même cursus resteraient finançables durant l’année 2024-2025.

2. Les règles de base en 2024-2025

Le décret remanié en urgence au printemps dernier s’appliquait à tous les étudiants inscrits en 2023-2024 lors de la rentrée académique 2024-2025 : ils ont pu se réinscrire quel que soit le nombre de crédits validés durant les sessions précédentes. A l’heure actuelle – pour la présente session, celle de juin et celle d’août –, ce sont les dispositions du décret Glatigny de 2022 qui reviennent à l’avant-plan. Plus question d’amnistie. Les règles de finançabilité s’appliquent dans leur entièreté (voir ci-dessous). Il ne subsiste aujourd’hui qu’une seule disposition votée au printemps dernier : les étudiants dont le programme annuel d’étude (PAE) est composé de moins de 45 crédits et qui valident l’ensemble de leurs crédits resteront finançables. Ce qui n’était pas le cas sous la version antérieure du décret Glatigny.

3. Pour les étudiants de première année

Tous les étudiants inscrits pour la première fois dans une université, une haute école ou une école supérieure des arts ont l’obligation de réussir au minimum un crédit de leur parcours en principe composé de 60 crédits. A défaut, l’étudiant peut rester dans l’enseignement supérieur mais doit se réorienter.

4. Réussir son bac

Les 60 premiers crédits du bac (qui en comporte généralement 180 étalés sur minimum trois ans) doivent être validés en deux inscriptions maximum (on parle « d’inscription » car on considère qu’un étudiant peut par exemple interrompre son parcours pour une année sabbatique). Pour la suite, l’étudiant a droit à quatre inscriptions pour valider les 120 premiers crédits et à cinq inscriptions pour les 180 crédits. En cas de réorientation, le jeune a aussi droit à un bonus d’une ou deux inscriptions supplémentaires selon le moment du changement de parcours. A noter : dans cette version du décret, les jurys ont retrouvé les « pleins pouvoirs » : si, par exemple, il manque quelques crédits à un étudiant pour valider sa première année ou son bac, le jury peut décider de lui permettre de poursuivre.

5. Réussir son master

Le même raisonnement vaut pour un master généralement composé de 120 crédits. Un étudiant doit réussir les 60 premiers crédits en deux inscriptions et le total des 120 crédits en maximum quatre inscriptions. Un master complémentaire de 60 crédits doit, lui, être réussi en deux inscriptions maximum.

6. Cas particuliers

Depuis plusieurs années, l’enseignement supérieur fait sienne la notion d’inclusivité. Ainsi, des balises spécifiques sont prévues pour ceux qui bénéficient d’un allégement de programme pour des raisons sociales ou médicales (à négocier avec son établissement). Par ailleurs, sortir des balises de finançabilité n’implique pas automatiquement un arrêt brutal du parcours : un établissement a le droit d’inscrire un étudiant et de le financer sur ses fonds propres. C’est courant quand l’échec est davantage le résultat d’un accident de parcours que d’une procrastination bien organisée. Des centaines de jeunes bénéficient chaque année de ces dispositions.

Tous les détails des dispositions actuelles sont disponibles sur https://mesetudes.be/financabilite