Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles : où les économies seront-elles faites ? RTBF ACTUS

Faire travailler plus les profs, hausse du minerval dans le supérieur, 10% d’économies dans la petite enfance et le gel de l’indexation des subventions culturelles : le train d’économies annoncé par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles aura un impact important dans les différents secteurs. Un exercice particulièrement difficile puisqu’il a fallu aller chercher près de 260 millions d’économies, rien que cette année, pour réduire le déficit important de la fédération. Voici le détail des mesures annoncées.

Après un premier ajustement budgétaire de 25 millions d’euros en 2025, les ministres de la Fédération Wallonie-Bruxelles devaient trouver le moyen d’économiser au moins six fois plus (en 4 ans), pour espérer maintenir le déficit de l’institution à 1,2 milliard par an, au lieu du milliard et demi actuellement. Une urgence au vu de sa dette estimée à 14,25 milliards d’euros, soit 105% de ses recettes.

Après trois semaines de « conclave » et d’intenses négociations budgétaires entre les différents ministres et les deux partis de la majorité (MR et Engagés), ceux-ci se sont finalement entendus sur 500 millions d’économies en 4 ans pour 200 millions de politiques nouvelles, les voici.

L’enseignement : première cible des économies

L’enseignement, c’est la plus grande part du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles. On savait donc déjà qu’il serait difficile d’envisager 300 millions d’économies à la Fédération sans que l’enseignement ne soit concerné. On sait désormais que 86,7 millions d’euros seront économisés dès 2026 dans l’enseignement.

Et au sein de cette enveloppe, le salaire des professeurs représente environ 80% des dépenses. On pouvait donc là aussi s’attendre à ce que certaines mesures visent les enseignants, à commencer par leur temps de travail.

<strong>2 heures supplémentaires pour les profs du secondaire supérieur</strong>

Comme préconisé par le rapport d’experts qui avait fuité dans la presse à la fin du mois de septembre, le gouvernement a donc finalement opté pour une harmonisation du nombre de périodes à prester entre les enseignants du secondaire inférieur et supérieur. Ces derniers devront donc désormais prester deux heures de cours supplémentaires : 22 périodes par semaine au lieu de 20 précédemment.

Indexation du minerval dans l’enseignement supérieur

Au niveau de l’enseignement supérieur, le conclave budgétaire a décidé de réduire la part du budget de la Communauté accordée aux universités et de faire au contraire davantage contribuer les étudiants et les étudiantes.

Le prix du minerval dans l’enseignement supérieur n’avait plus été indexé depuis 2011, ce sera finalement le cas. Résultat : le minerval standard devrait passer de 835 euros à près de 1200 euros.

Adaptation des fins de carrière des enseignants (DPPR) à la législation fédérale

On le sait, le système de DPPR (Disponibilité précédant l’âge de la retraite) qui permet à de nombreux enseignants d’aménager leur fin de carrière coûte cher à la Fédération. Le gouvernement a cependant décidé de maintenir ce système mais de l’adapter à la nouvelle législation fédérale, le limitant à deux ans calendaires.

Réduction du nombre de professeurs non-présents en classe

Les détachements pédagogiques d’enseignants seront réduits, de manière à permettre, à terme, leur retour en classe.

Un régime maladie moins avantageux

Actuellement les enseignants bénéficient d’un temps de congé de maladie durant lequel leur salaire leur est versé intégralement (à raison de 15 jours par année d’ancienneté). Ce n’est qu’une fois que ce pot est épuisé que le salaire est réduit, à 80% durant la première année, 70% durant la seconde et 60% ensuite. A partir de l’année prochaine, dès que le pot sera épuisé, le salaire passera directement à 60%.

C’est l’une des compétences les plus visibles de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour les familles : les crèches subventionnées et l’accueil de la petite enfance de manière générale. En la matière, plusieurs évolutions sont également à prévoir, 74 millions d’économies seront réalisées sur ce secteur. Sur le budget annuel de 719 millions, cela représente donc 10% d’économies !

Non-indexation des subventions aux opérateurs

Toutes les subventions accordées aux différents opérateurs agréés qui collaborent avec l’ONE ne seront pas indexées en 2026. Ce qui représente une économie de 7,8 millions dès l’année prochaine.

Réduction de certaines dépenses de l’ONE

L’Office de la naissance et de l’enfance, fortement endetté lui aussi, bénéficiera d’un financement exceptionnel de 43 millions en 2026 et 57 millions en 2027. Mais il va tout de même devoir mettre la main au portefeuille par ailleurs. Particulièrement au niveau de ses dépenses informatiques qui devront diminuer de 3 millions en 2026 et de 9 millions en 2027. Il sera également demandé à l’ONE de se « recentrer sur ses missions principales » que sont les milieux d’accueil et la santé préventive.

Culture : non-indexation et aucune nouvelle reconnaissance

Durant la législature précédente, les moyens dévolus à la culture ont augmenté de 80 millions d’euros (entre 2017 et 2024). Ce ne sera plus le cas cette fois-ci. Bien que placé directement sous la tutelle de la ministre présidente Elisabeth Degryse (Engagés) lors de la mise en place du gouvernement MR-Engagés, le secteur de la Culture est bien concerné par les coupes budgétaires, à hauteur de 12,9 millions d’euros. Pour avoir une idée de l’impact : sur un budget de plus de 320 millions, les mesures annoncées pèsent donc pour 4% d’économies.

Non-indexation des subventions

Ici encore, c’est surtout une non-indexation des moyens alloués aux différents acteurs qui a été décidée. Une mesure qui touchera forcément tous les acteurs culturels de manière indifférenciée, leurs budgets ne suivant alors plus l’inflation.

Moratoire sur les nouvelles reconnaissances des centres culturels

Le gouvernement prévoit également de ne plus prendre en considération les demandes de reconnaissances supplémentaires de nouveaux centres culturels, de nouvelles bibliothèques ou de nouveaux centres d’éducation permanente.

Diminution des enveloppes des « aides ponctuelles »

En plus des conventionnements et des aides dites « pluri-annuelles », il existe aussi une enveloppe d’aides plus ponctuelles pour financer des projets culturels. Celle-ci sera rabotée de près de 13 millions d’euros.

 du subventionnement des organisations de jeunesse liées aux partis politiques

Le gouvernement a également acté la suppression des reconnaissances accordées à certains organismes liés à des partis politiques. C’est notamment le cas de plusieurs organisations de jeunesse, des centres d’archives ou des centres d’éducation permanente. Leur reconnaissance s’arrêtera d’ici la fin de l’année 2026.

Quid de la RTBF ?

Le média de service public est-il épargné ? La RTBF a déjà acté un plan d’économies de 133 millions pour les 4 prochaines années, en présentant déjà plus de 43 millions d’économies pour 2025 et 2026.

Stages ADEPS plus chers

Le sport fait aussi sa part de l’effort. Le gouvernement espère aller rechercher 600.000 euros de nouvelles recettes, notamment via les centres ADEPS. Les tarifs des stages vont augmenter de 10%, « tout en maintenant leur accessibilité ». La déclaration de politique communautaire avait décidé de lancer un audit de l’ADEPS, pour « définir les pistes d’amélioration de l’efficacité et de la lisibilité ». Certains centres ADEPS craignent d’être rayés de la carte.

Aide à la jeunesse : gel des subventions

L’aide à la jeunesse s’était vu accorder de nouveaux moyens en début de législature (40 millions d’ici 2029), ceux-ci sont maintenus pour la durée de la législature. Mais des mesures sont néanmoins pour limiter la hausse des coûts.

Moratoire sur les nouvelles demandes d’agrément

En 2026 et 2027, plus aucune nouvelle demande d’agrément ne sera prise en compte. De manière à revoir entre-temps les procédures de financement et les missions des centres de jeunes.

Gel du recalcul des subventions triennales

Une fois de plus, c’est au moyen d’un gel des subventions telles qu’elles sont accordées actuellement que le gouvernement entend limiter les coûts dans les années à venir.

Sport : hausse des prix en Adeps

Le sport fait également sa part de l’effort avec 600.000 euros de nouvelles recettes que le gouvernement compte aller chercher via l’ADEPS. Une augmentation de 10% du prix des stages est annoncée. La déclaration de politique communautaire avait déjà décidé de lancer un audit de l’ADEPS. « Des pistes d’amélioration de l’efficacité et de la lisibilité des missions » seront évaluées. Certains centres ADEPS sont inquiets de se voir rayer de la carte.

Les moyens dévolus à la politique sportive et aux centres ADEPS ne sont pas réduits mais ceux-ci vont devoir revoir leur tarification, ce qui ne devrait pas empêcher l’ADEPS de rester plus abordable que le reste du marché.

Recherche scientifique

1,5 million d’économies seront également réalisées sur les ressources allouées à la recherche scientifique.

La diminution de la subvention annuelle au Fonds national pour la recherche scientifique (FRS – FNRS), déjà actée en 2025, est pérennisée jusqu’en 2029.

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