Durant une semaine, les élèves de 6e primaire vont être testés sur leurs connaissances de base.

Mathématiques, éveil (histoire et géographie) et français… À partir de lundi, c’est la dernière ligne droite pout tous les élèves de 6e primaire. Le CEB, certificat d’études de base, clôture un premier cycle et fait chaque année parlé de lui. Il se murmure qu’il est de plus en plus facile et qu’il est de notoriété publique qu’échouer est extrêmement rare. Alors qu’en est-il réellement ?

“Depuis le début, il y a de moins en moins de matières qui sont évaluées. Les volumes et les capacités qui étaient demandées au début de ma carrière ne le sont plus maintenant. C’est moins en moins de la connaissance pure et plus de la recherche, de la logique et de l’analyse de données”, constate Carole, institutrice en 5e et 6e primaires depuis 11 ans. “Le niveau de connaissance requis est faible, on pourrait le pousser un peu plus. Mais en même temps, ça permet aux élèves de ne pas se mettre trop la pression.”

À l’heure d’internet et de l’intelligence artificielle, trouver une information est assez facile. La quantité de notion à connaître par cœur se réduit. Mais pour les profs, à trop adapter, on en fait des “assistés”. “Je trouve que le CEB a été très simplifié au fil des années. Et le programme aussi voire trop simplifié. Le nouveau programme nous demande de faire des choses qui pourraient être faites à la maison comme le jardinage. Ils essayent de supprimer tout ce qui est technique et professionnel en secondaire pour tout mettre en primaire. Mais en math, français et éveil pure, ça a vraiment été très simplifié. Chaque fois je dois diminuer mes exigences parce qu’ils ne savent plus. C’est désolant mais je ne pourrais plus donner mes cours de mes débuts”, estime Valérie. “Même à l’heure de la calculette, apprendre les tables de multiplication me semble encore utile tout comme le calcul mental. Il y a des choses de bases qui sont nécessaires et qui poussent l’enfant à réfléchir.”

Seuil de réussite : 50 %

Actuellement, il faut au minimum obtenir 50 % pour valider le CEB et ainsi passer automatiquement en secondaire. Ce seuil de réussite est jugé peu exigeant par certaines enseignantes.

“Certains élèves ont le CEB en ne maîtrisant même pas la moitié de la matière”, pointe Valérie.” Le seuil de 50 %, c’est 50 % de la matière de base qui n’est pas acquise. C’est très bas. S’il arrive un accident. Il y a des délibérations qui se font à l’école et les 3/4 du temps, il est donné parce que si on ne le donne pas, ça doit monter plus haut. En général, ils finissent toujours par l’avoir alors que des enfants ne sont pas capables d’aller plus haut et qu’ils devraient aller direct en professionnel. En agissant de la sorte on leur fait perdre 2 à 3 ans d’étude, on les confronte à nouveau à l’échec et on repousse l’inévitable. Les parents sont désarmés. J’ai une maman qui voudrait que sa fille double et elle ne pourra pas alors que l’enfant n’a pas la maturité.”

La ministre de l’Éducation Valérie Glatigny entend le faire passer le seuil de réussite à 60 % prochainement. Carole est plus mitigée par ce relèvement et rappelle que le CEB représente parfois le seul diplôme acquis avant de travailler. “Est-il important de savoir conjuguer un verbe au subjonctif présent alors qu’elle rêve de devenir coiffeuse ?”, appuie Virginie. Mais Carole souligne une difficulté d’orienter l’élève vers une école adaptée. “Il faut absolument écouter les professeurs. Dès la 6e primaire, on peut savoir si l’enfant est plutôt manuel ou fait pour des études ‘classiques'”, insiste-t-elle.

Virginie Galad remarque que la mémoire au quotidien n’est plus sollicitée de la même manière, la façon de travailler a aussi évolué. “On ne va plus aussi loin dans la matière qu’au début de ma carrière et le CEB n’évalue qu’une base de ces compétences. Pendant l’année, je vais plus loin que ce qui est demandé au CEB qui évalue les essentiels.”

Enfants du Covid

Les connaissances requises à la fin des primaires ont également changé. “Il y a des matières qu’on n’enseigne plus en primaire et qui sont reportées en secondaire”, indique Carole. “C’est l’idée du tronc commun et des nouveaux référentiels : moins de matières mais mieux.” Avec des difficultés plus ou moins importantes, les élèves se retrouvent dans l’école des grands et, le redoublement étant “interdit” en 1re, le nombre de maintien explose en 2e secondaire. “La première année, les profs se retrouvent à devoir reprendre tout depuis le début, faire une mise à niveau”, poursuit Carole.

Pour Valérie, même s’il est quasi assuré de passer en secondaire, pas question de se tourner les pouces. “Ce sont des enfants du Covid cette année. Ce sont des enfants qui ont loupé la 1re primaire. Ce sont les bases qui n’ont pas été acquises”, rappelle l’institutrice. “On ne les pousse pas à travailler et ça influence par après. Je sais qu’ils auront tous le CEB par la porte ou la fenêtre mais il faut les faire travailler. Ils doivent se rendre compte qu’il faut un peu travailler.”