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Carte blanche – Le Soir

POUR LES DIRECTIONS DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL… NON, NON, RIEN N’A CHANGÉ… OU PRESQUE !

Carte blanche :

Par Les Associations représentatives des Directions d’écoles fondamentales (UDEC, ADEF et FELSI).

Publié le 28/12/2023 à 20:42

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Action de protestation des directeurs des écoles primaires francophones de Bruxelles et de Wallonie, devant les bureaux du ministre Desir, à Bruxelles, le mardi 21 décembre 2021. - BELGA.

Action de protestation des directeurs des écoles primaires francophones de Bruxelles et de Wallonie, devant les bureaux du ministre Desir, à Bruxelles, le mardi 21 décembre 2021. – BELGA.

Souvenez-vous… Le 21 décembre 2021, des centaines de directrices et de directeurs d’école fondamentale étaient rassemblés sur les pavés de la place Surlet de Chokier, au pied du Cabinet de la Ministre de l’Enseignement, Caroline Désir… Présents en nombre, soucieux de crier leur ras-le-bol, leur usure, leur fatigue, leur isolement, leur incapacité à exercer leur métier dans un cadre serein, équilibré et respectueux de leur santé physique et mentale… Venus de toutes les régions de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de tous les réseaux. Unis et décidés à faire entendre à qui de droit que « trop, c’est trop »!

Nous sommes aujourd’hui le 21 décembre 2023… Deux années se sont écoulées… Et pour les dirlos, « non, non, rien n’a changé… ou presque » ! Les mouvements représentatifs se sont structurés, les rencontres avec la Ministre, les représentants de son cabinet et de son administration se sont multipliées… mais le bilan est maigre, bien trop maigre ! Et, dans les rangs des Directions, c’est clairement la désillusion… En effet, le rythme infernal de la réforme de l’enseignement s’est poursuivi sans tenir compte de la fatigue des équipes pédagogiques et donc des directeurs d’écoles, la demande de révision approfondie de la fonction de direction a été reportée aux calendes grecques et, à six mois de la fin de la législature, plus aucune décision importante n’est envisagée à ce sujet car le cabinet Désir semble déjà bel et bien « en affaires courantes » !

Or, les chefs d’établissement méritent davantage de considération; ils méritent de ne pas être qu’entendus… mais aussi écoutés, et compris ! Leurs demandes – légitimes et utiles à ce que l’enseignement francophone puisse réellement tendre vers l’Excellence, au-delà des jolis slogans et des beaux discours – doivent désormais être sérieusement prises en compte par la ministre et ses partenaires gouvernementaux. Les Directeurs exigent d’être reconnus dans le rôle crucial qui est le leur, au centre de tous les enjeux du système d’enseignement et donc de l’avenir éducatif de la société dans son ensemble. Leur engagement, leur investissement, leur enthousiasme, leur abnégation, leur détermination, leur capacité à gérer ce qui s’apparente de plus en plus souvent à l’ingérable, leur courage même, leur ambition pour l’école en somme… méritent d’être salués et valorisés ! Face à l’emballement du système éducatif qui, malgré de bonnes intentions, les entraine inéluctablement dans une spirale quotidienne épuisante, les obligeant à jongler avec les exigences administratives et politiques, les besoins des enseignants, les attentes des parents et le bien-être des élèves; face à une charge de travail, des responsabilités et un niveau de stress totalement déraisonnables, ils attendent désormais des réponses concrètes et significatives de la part des autorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils font entendre leur voix, non par plaisir mais par nécessité. Une nécessité qui découle d’un cadre général qui laisse peu de place à l’épanouissement professionnel et à un véritable travail de fond visant à améliorer la qualité de l’enseignement. Une nécessité qui s’illustre par les nombreux signaux de détresse venus du terrain et par des taux inégalés d’absences de courte, moyenne et longue durées, voire d’abandon du métier.

Les directrices et directeurs n’en peuvent plus d’être les derniers informés, de travailler sans cadre clairement défini, d’être corvéables à merci, d’être soumis à des vagues incessantes et anarchiques de réformes et réformettes qui compliquent le système plus qu’elles ne le bonifient… Ils n’en peuvent plus de n’être pas consultés sur base de l’expertise inégalable qui est la leur…

De même, l’importance d’un cadre administratif et éducatif de qualité ne peut etre sous-estimée. Les chefs d’établissement ont besoin d’une équipe solide pour les soutenir, afin qu’ils puissent se concentrer sur leur mission première : créer un environnement propice à l’apprentissage.

En conclusion, deux ans après la manifestation sur la place Surlet de Chokier, il est impératif de passer de la prise de conscience à l’action concrète. Les directrices et directeurs d’écoles fondamentales méritent une réforme significative de leur statut, un soutien administratif et éducatif de qualité et un environnement de travail qui reflète la valeur inestimable de leur contribution à la société. Il est temps de faire en sorte que quelque chose change vraiment, pour que le refrain « non, non, rien n’a changé… ou presque » ne soit plus d’actualité.

Courrier à la Ministre

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Chères/Chers collègues, 

Ce jeudi 21 décembre, nous fêtons le 2ème anniversaire de notre mobilisation exceptionnelle devant les bureaux de la Ministre Désir. 

À cette occasion, au-delà d’une communication dans la presse (qui n’a malheureusement pas encore trouvé écho …), nous avons adressé le courrier suivant à la Ministre. 

Bonne lecture ! Et bon visionnement du joli montage vidéo que nous lui avons adressé en guise de petit cadeau de Noël 

Cordialement, 

Vos représentants au sein de l’UDEC. Madame la Ministre, Madame Désir, 

Nous avons appris vendredi dernier, par un mail parfaitement anodin –dont nous aurions préféré qu’il nous soit adressé directement par vos soins et quelque peu contextualisé – que notre rencontre de ce jeudi 21 décembre était annulée. 

Aujourd’hui, très précisément, deux années se sont écoulées depuis que de très nombreuses Directions d’écoles, issues de tous les réseaux, se sont mobilisées devant vos bureaux pour vous exprimer leur épuisement, leur lassitude, leur manque de reconnaissance, leur incapacité à exercer leur métier dans un cadre serein, équilibré et respectueux de leur santé physique et mentale … Vous avez répondu à leur appel en recevant notre délégation ce jour-là ; vous nous avez écoutés et pris l’engagement de nous rencontrer régulièrement pour discuter directement de nos revendications et préoccupations diverses. Et vous avez honoré cette promesse en nous accordant des rencontres régulières, toujours présente, à l’écoute et maîtrisant les sujets abordés. 

Aujourd’hui, plutôt que de célébrer ensemble des avancées importantes en partageant un magnifique gâteau orné de deux bougies, nous en sommes réduits à vous adresser ce courriel pour constater qu’outre certains ajustements liés à des problématiques secondaires, nos revendications fondamentales sont restées lettre morte … 

Pour mémoire, nos trois principales revendications étaient et sont encore les suivantes :

1. Redéfinition du statut du directeur d’école fondamentale, incluant un barème spécifique à la hauteur des missions qui lui sont confiées (et résolvant la question des directeurs/trices avec charge de classe). 

2. Mise en place d’un cadre éducatif organique, comparable à celui dont bénéficient les établissements secondaires. 

3. Mise en place d’un cadre administratif organique ambitieux et qualitatif, comparable à celui dont bénéficient les établissements secondaires. 

Aujourd’hui, nous réaffirmons notre détermination à ne plus être qu’entendus … mais aussi écoutés, et compris ! Nos demandes -légitimes et utiles à ce que notre Enseignement puisse tendre vers l’Excellence- doivent être prises sérieusement en compte, par vos soins et ceux de vos partenaires gouvernementaux. Nous exigeons d’être reconnus dans le rôle crucial qui est le nôtre, au centre de tous les enjeux de notre système d’enseignement et donc de la société dans son ensemble. Notre engagement, notre investissement, notre enthousiasme, notre abnégation, notre détermination, notre capacité à gérer ce qui ressemble de plus en plus souvent à l’ingérable, notre courage même, notre ambition pour l’Ecole en somme … méritent d’être salués et valorisés ! Nous faisons entendre nos voix, non par choix mais par nécessité. Une nécessité qui découle des innombrables réformes et de la complexité administrative croissante à laquelle nous sommes confrontés, des pressions liées aux inspections nombreuses et d’un cadre général qui laisse peu de place à l’épanouissement professionnel et à un véritable travail de fond visant à améliorer la qualité de l’enseignement. Une nécessité qui s’illustre par les nombreux signaux de détresse des collègues que nous représentons et par des taux inégalés d’absences de courte, moyenne et longue durées voire d’abandon du métier ! 

Nous n’en pouvons plus d’être les derniers informés, de travailler sans cadre clairement défini, d’être corvéables à merci, d’être soumis à des vagues incessantes et anarchiques de réformes et réformettes qui compliquent plus le système qu’elles ne le bonifient … Nous n’en pouvons plus non plus de n’être pas consultés sur base de l’expertise inégalable qui est la nôtre … 

Nous nous retrouverons donc le 15 février pour n’aborder que cette seule question : « Et maintenant, quelles perspectives concrètes ? », dans l’espoir que nos échanges puissent un peu réduire le sentiment de pessimisme et de désillusion qui anime notre profession. 

En attendant, en guise de « cadeau de Noël » symbolique, nous vous offrons ce joli montage vidéo : 

Gageons qu’il soit une source complémentaire de réflexion ! 

Veuillez agréer, Madame la Ministre, Madame Désir, nos salutations les plus distinguées. 

Les représentants des Directions d’écoles fondamentales.

Carte blanche – Le Soir