La ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles tire la sonnette d’alarme. La note de cette entité pourrait être dégradée. “Il ne faudrait attendre que quelques semaines pour que nous ne soyons plus en mesure (…) de payer les salaires des différents acteurs” de la Fédération.
Élisabeth Degryse, ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a tenu lundi un discours fort inquiétant à propos des finances de la Fédération-Wallonie Bruxelles, qui sont, on le sait, mal en point.
“13,5 milliards de recettes, 15 milliards de dépenses, 1,5 milliard de déficits.” Elle a rappelé que la dette de cette entité devrait augmenter, passant de 12,7 milliards à plus de 21 milliards d’ici à la fin de la législature. Elle a aussi souligné les risques que la note de la FWB soit prochainement dégradée, comme viennent de l’être les notes de la Belgique et de Bruxelles. Et la ministre-présidente a fait état des conséquences d’une telle éventualité.
“Ce qui doit nous inquiéter, c’est que notre dette sera considérée comme un produit financier de qualité moyenne inférieure”, a-t-elle dit en Commission du Budget. “Nous nous rapprocherions dangereusement du niveau auquel les marchés financiers estiment qu’un produit devient spéculatif, un produit rejeté par la plupart de nos investisseurs institutionnels. Et il ne faudrait attendre que quelques semaines pour que nous ne soyons plus en mesure d’assurer des missions essentielles comme, par exemple, payer les salaires des différents acteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles.”
En cette dernière semaine scolaire, Élisabeth Degryse jette donc un gros stress sur le monde enseignant.
Convaincre les agences de notation
Pour rappel, le montant attribué à la FWB dépend du nombre d’élèves de six à 17 ans inscrits dans l’enseignement obligatoire. Une baisse du nombre d’enfants en maternelle et dans le fondamental est déjà perceptible. Cette tendance devrait engendrer un manque à gagner de 340 millions d’euros en 2030 dans les caisses de la Fédération.
D’année en année, de budget en budget, une série d’options ont déjà été présentées par des spécialistes, sans grand intérêt, jusqu’ici, du monde politique.
Tant que les agences de notation considèrent que le Fédéral sert de parapluie à la Communauté française, elles ne devraient pas envoyer de signaux trop négatifs aux investisseurs. Mais, si elles devaient prévenir ceux-ci de difficultés de l’entité à rembourser ses dettes, les taux auxquels la FWB pourrait lever des moyens sur les marchés financiers partiraient à la hausse, “en explosion complète”, comme l’a menacé Elisabeth Degryse.
La Fédération devrait alors consacrer davantage d’argent pour rembourser ces emprunts, et en aurait d’autant moins pour payer ses fonctionnaires. D’où l’urgence à assainir et rassurer ces acteurs.
Faute de pouvoir augmenter ses ressources, la FWB doit donc agir sur ses dépenses. D’année en année, de budget en budget, une série d’options ont déjà été présentées par des spécialistes, sans grand intérêt, jusqu’ici, du monde politique.
“Aujourd’hui, tout peut basculer rapidement, il faut en être conscient”, avertit Jean Hindriks. “Il y a déjà un effet “boule de neige” quand on se finance à du 3% avec un déficit de 10%.”
“Il faut une réflexion sur ces salaires, sur leur indexation.”
Toucher au salaire des enseignants?
Les pistes? Freiner l’absentéisme, ramener au travail plus rapidement les malades de longue durée. Rationaliser le parc scolaire, en regroupant des implantations, dans une logique qui rencontre la baisse du nombre d’élèves. Regrouper des formations. Reconsidérer les dossiers des enseignants détachés et des DPPR (la disponibilité précédant la pension de retraite). Etc.
“Mais la grosse masse, ce sont les salaires”, rappelle Jean Hindriks. “Une partie de ceux-ci sont payés à crédit. Il faut une réflexion sur ces salaires, sur leur indexation. On aurait déjà dû le faire dans le passé, mais ce n’est pas populaire.” L’idée est sur les rails du gouvernement MR/Engagés.
Un comité d’experts a été mis sur pied par la ministre-présidente; celui-ci va plancher cet été sur les pistes d’économies. Le budget 2026 sera présenté cet automne.