André Grenier : « Je serai toujours aux côtés des enseignants à qui on a manqué de respect » – Le Soir

La désignation a fait débat, comme souvent quand un nouveau manager passe de la politique à l’administration. Quoi qu’il en soit, André Grenier, qui jusqu’il y a quelques jours était chef de cabinet adjoint de la ministre de l’Education, Valérie Glatigny (MR), a pris ce lundi ses fonctions d’Administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement, le pouvoir organisateur de l’enseignement officiel organisé directement par la Communauté française.

Aujourd’hui, M. André Grenier a officiellement prêté serment en tant que nouvel Administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) devant Mme Jacqueline Galant, Ministre de la Tutelle sur WBE et Mme Françoise Colinia, Présidente du Conseil WBE. 
WBE lui adresse ses félicitations et lui souhaite pleine réussite dans ses nouvelles fonctions. ©WBE
Aujourd’hui, M. André Grenier a officiellement prêté serment en tant que nouvel Administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) devant Mme Jacqueline Galant, Ministre de la Tutelle sur WBE et Mme Françoise Colinia, Présidente du Conseil WBE. WBE lui adresse ses félicitations et lui souhaite pleine réussite dans ses nouvelles fonctions. ©WBE

Vous êtes passé directement du cabinet à la tête de WBE. Est-ce qu’à votre sens cela pose problème ?

Pas de souci, parce que ces choses sont claires depuis le départ. Il y a très clairement une rupture entre les deux responsabilités : je quitte une fonction politique et j’arrive dans une fonction apolitique. Je suis là très clairement pour défendre les valeurs de WBE. Si d’aventure une mesure politique devait venir fragiliser WBE, il est très clair que je me positionnerais pour défendre les intérêts de Wallonie-Bruxelles Enseignement. Point.

Quels sont vos premiers objectifs ?

WBE a bien progressé, il gagne des élèves dans une période de dénatalité. Je compte mettre l’institution dans une dynamique d’amélioration continue. Je veux valoriser tout ce qui se fait de bien chez nous. Je rencontre tous les jours des enseignants qui s’investissent énormément pour leurs élèves. Le rôle du pouvoir organisateur, c’est d’évaluer, de remercier, de féliciter les membres du personnel qui s’investissent au quotidien. C’est aussi, pour les membres plus fragiles, de les accompagner dans une optique d’amélioration continue.

Donc vous êtes en phase avec la politique d’évaluation du personnel qui a tant fait polémique il y a deux ans ?

L’évaluation, pour moi, est un point très important. Il ne faut pas la voir comme sanction mais comme outil de progression ou de félicitation. Enormément d’enseignants s’investissent à fond, pouvoir les évaluer dans le sens noble du terme est très important afin qu’ils bénéficient d’une reconnaissance par rapport au travail fourni. A ce sujet, je veux préciser que le bien-être du personnel et des directions est ma priorité. J’irai souvent sur le terrain, à leur rencontre.

Peut-être pas simple dans une période où les enseignants sont à fleur de peau…

C’est exact mais il faut comprendre pourquoi. Je pense que leur tâche principale c’est d’enseigner et d’être disponibles pour leurs élèves. Mais ces dernières années, on a vu augmenter le volume de leurs tâches administratives avec les plans de pilotage, les contrats d’objectifs, les dossiers d’accompagnement… Il faut travailler sur ces points et pour cela, je serai à leur écoute.

WBE a-t-elle des velléités d’expansion ?

Le déploiement de Wallonie-Bruxelles Enseignement est important. Non pas en mode conquérant. Je souhaite tendre la main vers l’enseignement officiel subventionné (celui des communes et provinces, NDLR) pour pouvoir envisager un axe officiel fort avec des collaborations et des synergies pédagogiques.

Des fusions en vue ?

Pas d’esprit colonisateur. Je parle de synergies pédagogiques et effectivement de mobilité interne pour se concerter et collaborer. Les premières bases ont déjà été pensées par mon prédécesseur (Julien Nicaise, NDLR) et c’est très bien mais nous devons aller plus loin, notamment dans l’écriture des programmes. Ça a déjà été fait avec l’enseignement fondamental, on peut l’imaginer avec le secondaire. Et puis, arrive la réforme du tronc commun qui parie sur une approche davantage orientante. Elle devra se concevoir différemment selon que l’on vit dans le Brabant wallon, à Liège ou dans le Luxembourg. Je suis de ceux qui pensent qu’une école est en lien avec le milieu socio-économique dans lequel elle est installée. Cette approche orientante et, par la suite, le développement d’options dans le secondaire supérieur, devraient permettre des rapprochements.

Il est aussi question de statut ?

Le statut du personnel de WEB date de 1969. Il est peut-être l’heure de le moderniser, de penser un statut unique ou un statut similaire. C’est dans l’intérêt du personnel enseignant, ça me paraît une évidence. Il faut y aller mais en concertation avec les organisations syndicales. Cela permettrait de stabiliser les équipes pédagogiques, de préserver l’ancienneté, d’offrir plus de mobilité interne.

Comment allez-vous gérer les coupes budgétaires imposées par le gouvernement ?

Une réduction budgétaire doit avoir deux objectifs. Un, on ne touche pas à la pédagogie, ce qui veut dire que l’élève ne peut pas souffrir de ces mesures. Je vais scanner les points où on peut effectivement réduire le budget, sans qu’il y ait un impact ni sur le confort des élèves, ni sur la qualité de l’enseignement, ni sur le fonctionnement des équipes. On doit s’intéresser à la manière de recadrer certaines situations, un peu comme on le ferait dans un budget familial. Par ailleurs, n’oublions pas que nous gérons des deniers publics, soit l’impôt payé par les citoyens de Wallonie et de Bruxelles, cela nous donne une obligation de vigilance sur la manière de les dépenser.

Nous sommes à une époque où l’enseignant ne se sent plus toujours respecté. Comment aborder cette situation ?

Le respect du personnel enseignant c’est primordial. Comme on ne manque pas de respect à un policier, on ne manque pas de respect non plus à un professeur. En classe, l’autorité c’est lui. Mais je le dis également dans l’autre sens : l’enseignant doit se montrer respectable et respecter aussi ses élèves. Il doit faire attention aux propos qu’il tient, aux comportements et aux attitudes, parce qu’il ne faut pas scier la branche sur laquelle il se trouve. Un enseignant qui fait un geste obscène dans une manifestation, comme je l’ai vu récemment, tire une balle dans le pied dans la profession ! Ce n’est pas acceptable. Quand j’étais enseignant, je disais toujours le premier jour de classe : « Je sais que vous me respecterez parce que je ne vous manquerai jamais de respect. » Je ne souhaite pas qu’un enseignant manque de respect envers un élève, parce que ça, ce serait une faute professionnelle, mais je condamne fermement l’élève ou le parent qui manque de respect envers un professeur. Je serai toujours aux côtés des enseignants à qui on a manqué de respect.

 

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