La Flandre souhaite revoir à la hausse les limites d’âge pour l’utilisation des réseaux sociaux. L’objectif ? Lutter contre l’addiction des jeunes aux écrans. Et pour les aider à se désintoxiquer, un centre spécialisé a ouvert à Tubize.
Le smartphone, la console de jeux vidéo ou encore l’ordinateur ; combien de temps les ados passent-ils devant tous ces écrans ? Nous posons la question à une jeune fille, Emma. À 12 ans, elle a du mal à se concentrer.
“Je suis en décrochage scolaire”, témoigne-t-elle. “Ils disent un petit peu que c’est à cause du téléphone, mais je ne sais pas trop. J’ouvre un truc pour regarder, par exemple sur Instagram, pour regarder quelqu’un qui m’a envoyé un message, et après, je regarde une vidéo et deux et trois. Des fois, je ne range pas ma chambre. Je fais moins de trucs”.
À Tubize, un centre appelé “L’épisode” affiche complet depuis son ouverture. Cet hôpital de jour accueille une vingtaine de jeunes entre 12 et 18 ans. La plupart d’entre eux souffrent de décrochage scolaire et plusieurs sont accros aux écrans… Jusqu’à 7 heures par jour durant les jours d’école, jusqu’à 20 heures le week-end.
L’addiction est aussi forte que celle de l’alcool
Certains passent même la nuit sans fermer l’œil. “Essayez de passer une nuit sans dormir. Vous allez travailler, vous allez être un peu sur les nerfs, un peu agressif”, illustre Sophie Dechêne, pédopsychiatre. “Vous allez avoir du mal à supporter ce que vos collègues vous disent ou font autour de vous. C’est un peu la logique”.
Le temps d’écran augmente le risque de troubles, une étude le confirme. Elle est menée aux États-Unis sur 101.000 jeunes. Le constat est clair : les plus exposés passent plus de 4 heures par jour sur les écrans. 13% d’entre eux deviennent impatients, voire agressifs, 11% sont moins concentrés à l’école et 9% développent un retard de langage.
“Je pense que l’addiction est aussi forte que celle de l’alcool”, met en garde Sophie Dechêne. “Je préconiserais, comme en Australie, d’interdire les GSM jusqu’à 16 ans, comme c’est le cas là-bas, comme quoi c’est possible”.
Quelles sont les solutions ?
Dans le centre “L’épisode”, le premier réflexe, c’est d’éteindre le téléphone. Chaque jeune remet son GSM tous les matins. Ils sont suivis tous les jours de la semaine durant trois mois.
Une cuisine, une salle de relaxation aussi pour calmer l’agressivité ou encore une salle de sport. Objectif : faire des activités en groupe et retisser du lien social. “Parfois, on permet aussi d’être en groupe à l’extérieur. On travaille ça via le biais du sport, des jeux de société. En fait, on ne travaille pas proprement sur les problèmes de téléphone et l’isolement du téléphone, mais de manière générale sur le problème d’isolement qu’ils ont vécu”, explique Guillaume Hubeau, éducateur spécialisé au centre “L’épisode”.
Et les résultats sont positifs, comme le confirme Marc Demarle, le directeur du centre en question : “On a pas mal de retours aujourd’hui à la fois des familles, des parents, des jeunes, même parfois qui ne prennent plus leur GSM dans le quotidien”.
Les jeunes d’aujourd’hui sont appelés “la génération anxieuse” par les professionnels de santé. Le téléphone et les écrans sont en partie responsables de ce mal-être.