Après deux jours de mise au vert, les acteurs de l’enseignement se sont presque tous accordés sur le maintien du tronc commun jusqu’à l’âge de 15 ans. La ministre de l’Education évoque un « Pacte 2.0 » et une 3e secondaire à visée polytechnique.

La ministre de l’Education doit se rendre à l’évidence : sur le principe, la grande majorité des acteurs institutionnels soutiennent le Pacte d’excellence et sont favorables à la poursuite du tronc commun jusqu’en 3e secondaire. » Ces mots sont ceux d’Alexandre Lodez, le patron de l’enseignement catholique, mais ils résument le constat partagé par ses homologues au lendemain d’une mise au vert très attendue, réunissant le monde de l’école et des membres de la majorité MR-Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles. « Même si certains points ont été soulevés – comme le volume des référentiels ou la nécessité de cibler les essentiels – il n’y a aucune remise en question du tronc commun », abonde Véronique de Thier de la Fapeo (les parents de l’enseignement officiel). Seuls les syndicats libéraux, minoritaires dans le secteur, plaident pour un arrêt du tronc commun à la fin de la 2e année secondaire.

Pendant deux jours, du vendredi au samedi, une centaine d’acteurs de l’école se sont ainsi réunis au palais des Académies, en plein cœur de Bruxelles, à l’invitation de la ministre de l’Education, Valérie Glatigny (MR). L’objectif : dresser le bilan des réformes du Pacte d’excellence – cette refonte systémique lancée il y a dix ans – et envisager la suite, après plusieurs mois de tension sociale. « Nous avons souhaité prendre un temps de réflexion au terme de dix années d’implémentation de réformes, et à l’entame de travaux pour l’enseignement secondaire », a précisé la ministre.

Des absences remarquées

Parmi les invités figuraient les acteurs institutionnels (organisations syndicales, les fédérations de pouvoirs organisations, les fédérations d’associations de parents), mais aussi des représentants des directions d’écoles, des enseignants, des inspecteurs ou encore des employés de centre PMS. Pour Valérie Glatigny, il était nécessaire de réunir tous ces acteurs « pour mieux comprendre, au travers notamment de témoignages d’enseignants et de directions, qui sont les acteurs de première ligne de la mise en œuvre des réformes » et relancer « un Pacte 2.0, articulé avec la DPC (déclaration de politique communautaire, NDLR) qui est le résultat des urnes ».

Mais, à la veille de cette mise au vert, les trois principaux syndicats (la CSC, la CGSP et le Setca-Sel) ont annoncé qu’ils ne se présenteraient pas à « une mise en scène qui s’inscrit volontairement et uniquement dans l’esprit de la déclaration de politique communautaire ». Ils ont également déploré cet élargissement de la consultation sociale à des acteurs qui ne sont pas officiellement identifiés.

Deux autres absences ont été particulièrement remarquées : celles de Frédéric Delcor et Laurence Weerts, les « parents » du Pacte d’excellence. « Le démarrage de cette mise au vert a été un peu tendu, car ce qui était organisé n’était en rien un séminaire du comité du Pacte et parce que les deux coprésidents n’étaient pas invités », résume Bernard Hubien de l’Ufapec (les parents de l’enseignement catholique). « Mais avec bienveillance, nous avons pris part aux proposés. »

Un Pacte 2.0

Au terme de ces deux journées, pas de décision politique, mais des pistes de réflexion esquissées par le cabinet de Valérie Glatigny dans un communiqué. En parallèle du comité du Pacte en charge des réformes, Valérie Glatigny souhaite instaurer un dispositif de consultation des professionnels de terrain.

Concernant le Pacte lui-même, et conformément à l’accord de gouvernement, la ministre veut mettre en œuvre une 3e secondaire « polytechnique », centrée sur le renforcement des apprentissages fondamentaux tout en accentuant significativement la part «orientante», « selon le choix des élèves ». Un caractère polytechnique qui pose question. « Ce n’est pas exactement ce qui a été dit », pointe Alain Koeune, directeur du collège Notre-Dame à Dinant « On a plutôt évoqué des activités invitant les élèves à réfléchir à leur orientation future. »

Si tous les acteurs institutionnels saluent un climat de travail serein, ils restent vigilants quant à l’équilibre à trouver entre l’accord de gouvernement et les engagements du Pacte. « Cette articulation ne doit pas dénaturer les objectifs initiaux », insiste Dominique Luperto du CECP (l’enseignement des communes et provinces), « à savoir éviter la relégation précoce et toute forme de déterminisme social ». Après une pause jugée trop longue, les acteurs du Pacte se disent impatients de reprendre les travaux ; l’extension du tronc commun en 3e secondaire est prévue pour la rentrée 2028.