Zuhal Demir (N-VA) a fustigé la décision des autorités communales de Brasschaat qui ont donné congé ce vendredi à tous les élèves de l’entité à cause du championnat de Belgique du contre-la-montre. Elle veut réduire le nombre de jours blancs.

Le conseil communal de Brasschaat a décrété que le vendredi 27 juin serait un jour de congé pour les 10 000 élèves de l’entité. La raison de ce geste ? La tenue, le même jour sur le territoire de la commune, du championnat de Belgique de course contre-la-montre pour lesquels Lotte Kopecky, chez les dames, et Remco Evenepoel, chez les hommes, sont les grands favoris. Les autorités communales ont expliqué vouloir ainsi éviter le chaos sur les routes car la course rendra très difficile la circulation à l’intérieur des frontières de la commune anversoise.

Les élèves de Brasschaat, on s’en doute, se frottent les mains. D’autant que certains établissements leur ont dit qu’ils ne devaient pas venir non plus le lundi 30 juin, dernier jour officiel de l’année scolaire en Flandre, qui serait consacré seulement à l’inscription des nouveaux élèves.

“Chaque jour compte”

Quand elle a été mise au courant de cette décision, la ministre flamande de l’Enseignement, Zuhal Demir (N-VA) a piqué une colère noire. Elle y a vu comme un affront presque personnel. L’une des premières décisions qu’elle a prise après son entrée en fonction a été de maintenir le lundi 30 juin dans le calendrier scolaire contrairement à ce que son prédécesseur, Pascal Smet (Vooruit), avait fait en 2014. “Chaque jour de classe compte”, avait-elle répliqué aux directeurs d’école qui lui faisaient remarquer que de nombreux élèves seraient absents en ce lundi 30 juin flottant – les réservations des lieux de villégiature se font généralement par semaine entière. Alors voir une commune dont le bourgmestre en titre est l’ancien ministre-Président flamand Jan Jambon, N-VA comme elle, accorder un jour de congé à 10 000 élèves pour une raison aussi légère, cela a dû forcément la faire bondir. Comme si un joueur de son équipe venait de marquer un but contre son propre camp. Les autorités de la commune anversoise ont expliqué qu’il n’y avait plus eu de contre-la-montre à Brasschaat depuis 100 ans, que c’est donc un véritable événement pour lequel Jan jambon s’est personnellement mobilisé et que la date a été imposée par les organisateurs de l’épreuve. Cela n’a pas infléchi la ministre flamande de l’Enseignement. “Voilà donc le problème, a-t-elle asséné sans égard pour son ancien patron au gouvernement flamand. Si des écoles doivent céder la place à une course cycliste, nous nous retrouvons face un problème de mentalité dans la société. L’éducation d’abord.”

Trop de jours blancs

Du reste, Zuhal Demir ne s’est pas contentée de gronder les autorités communales de Brasschaat. Dans une interview à Radio 2 (VRT) cette semaine, elle a accusé l’ensemble du système éducatif de gaspiller les jours d’apprentissage. “Des parents m’écrivent pour dire que leurs enfants se trouvent à la maison depuis le 17 ou 18 juin. Ils ne trouvent pas cela normal. Moi non plus. Cela veut dire que les élèves ont en réalité 2,5 mois de vacances.” Le même jour, à Het Laatste Nieuws, elle confiait que, “de son temps, il n’y avait que deux ou trois jours entre la fin de ses examens et la remise des bulletins et non 10, voire davantage comme aujourd’hui”. Et de développer l’idée de réduire cet intervalle.

À vrai dire, l’indignation n’est pas neuve. D’autres ministres flamands avant elle avaient déploré la longueur du délai entre la fin des examens et la fin de l’année scolaire. En Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est même chaque année qu’un débat est mené sur ces “jours blancs” trop nombreux. Valérie Glatigny, l’homologue francophone de Zuhal Demir, vient d’ailleurs à son tour de déclarer ouverte la guerre contre ce gaspillage. Dans un entretien à la DH ce vendredi, elle a promis une réduction du nombre de jours blancs pour la rentrée 2026-2027.

Des délibérations argumentées

Mais cette bonne résolution est moins facile à tenir qu’il n’y paraît – ce qui explique pourquoi le sujet revient chaque année comme un tube de l’été. En Flandre, les écoles disposent de 30 jours – ou de 60 demi-jours – pour les examens, les corrections et les délibérations. Ce nombre avait été fixé pour limiter le temps pris par les examens. Il ne sera pas facile à réduire. Un enseignant se souvient presque avec nostalgie que, dans le passé, les établissements se contentaient de coup de fil pour prévenir les parents que leur enfant devait redoubler. Aujourd’hui, ces décisions font l’objet d’une communication soignée et argumentée. Chaque décision doit être justifiée car elle peut faire l’objet d’un recours. Des règles sont aussi imposées pour les délibérations. Les enseignants de chaque matière doivent être présents au conseil de classe, un membre de la direction également. C’est un casse-tête pour les écoles.