Dans une vidéo de “Mise à jour” le compte TikTok d’info pour les ados de la RTBF, la ministre de l’Éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny, s’est prêtée au jeu des questions réponses avec des adolescents. Des interrogations parfois inattendues ont permis d’aborder plusieurs dossiers cruciaux pour l’avenir de l’enseignement.

“Est-ce que vous pouvez remettre le kebab à 5€ ?” lance un élève, d’entrée de jeu. Glatigny, prise de court, répond avec humour : “Je ne suis pas en charge de ça. Malheureusement, je n’ai pas ce pouvoir.”

Plus sérieusement, l’une des premières questions posées concernait la possibilité de terminer l’école plus tôt, comme en Allemagne. La ministre a expliqué qu’une réflexion était en cours sur les rythmes scolaires :

On est en train de travailler sur une réforme des rythmes scolaires pour limiter la charge.

Cette réforme vise à mieux répartir les périodes de cours et de congés tout au long de l’année. Comme l’a précisé Valérie Glatigny, “on essaie d’avoir un rythme sept semaines de cours, deux semaines de congé”. L’objectif est de réduire la fatigue des élèves et de limiter la perte des apprentissages pendant les longues vacances d’été.

La révolution numérique bridée ?

“On vous demande de ne pas scroller en classe, de ne pas regarder vos réseaux sociaux”, martèle Glatigny. Pas de scrolling pendant les cours ! La ministre est claire : les téléphones restent au fond du sac. Mais attention, elle ouvre la porte à un usage pédagogique encadré : “Si votre prof vous dit eh bien maintenant, vous pouvez prendre votre smartphone qui est au fond de votre cartable pour faire une recherche de données. Donc ça, c’est un usage pédagogique.” L’ère du tout numérique n’est pas pour demain, mais l’école s’adapte progressivement.

Le qualifiant dans la tourmente

Glatigny tente de rassurer : “Un élève qui sort du qualifiant avec son certificat d’études secondaires supérieures peut bien aller à l’université après.” Mais la polémique gronde sur la réforme des 7es années. La ministre précise : “Ce qu’on a simplement dit, c’est qu’un élève qui a déjà le CESS et qui veut refaire une deuxième formation dans son école secondaire, eh bien on lui demande d’aller faire cette formation ailleurs que dans son école secondaire.” Cette décision a suscité de vives réactions, notamment une grève des enseignants en janvier dernier.

La guerre des langues et l’IA qui s’invite à l’école

La ministre annonce une révolution linguistique : le néerlandais ou l’allemand obligatoire partout ! “L’objectif, c’est d’assurer une uniformité, que ce soit partout la même chose et donc de généraliser l’apprentissage du néerlandais partout, à Bruxelles comme en Wallonie”, déclare Glatigny. Un choc culturel en perspective pour certaines écoles wallonnes, mais une nécessité selon la ministre pour préparer les jeunes au marché du travail belge.

Glatigny se dit favorable à l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’enseignement. “Moi, j’y suis favorable, mais ça doit être encadré. C’est très important que l’enseignant puisse aussi enseigner comment utiliser l’intelligence artificielle dans les apprentissages avant de donner davantage d’autonomie à l’élève.” Une bombe à retardement ou une nécessité pour l’avenir ? Le débat ne fait que commencer.

Le PEQ sur la sellette mais pas le CEB

Face aux critiques, la ministre promet une révision du Parcours d’Enseignement Qualifiant. “Ce qui est prévu, c’est en effet de revoir le Pacte pour voir ce qui ne fonctionne pas”, admet Glatigny. Un aveu d’échec ou un coup de com’ ? La ministre invite en tout cas les élèves à lui faire part directement de leurs observations. Plus récemment, Glatigny a même annoncé une pause dans la mise en œuvre du tronc commun, soulignant la nécessité de “bien réfléchir tous ensemble aux conséquences” de cette réforme.

Malgré les contestations, Glatigny défend le maintien du CEB (Certificat d’Études de Base). “C’est important de pouvoir assurer qu’on ait une qualité de la formation homogène dans toutes les écoles et donc faire passer le test du CEB. C’est vérifier que tout le monde a bien acquis l’essentiel des apprentissages pour ne pas que les difficultés se reportent à plus tard.” Un test dépassé ou un garde-fou nécessaire ? Le débat reste ouvert.

L’épineuse question des économies

Face aux inquiétudes sur de possibles coupes budgétaires, Glatigny se veut rassurante : “On ne touchera évidemment pas aux missions essentielles de l’école. On ne touchera pas aux salaires des enseignants, on ne touche pas à l’indexation, on ne touche pas au DPPR, on ne touche pas au pot maladie.” Cependant, elle admet que des économies sont nécessaires, notamment en s’attaquant aux “petites options qui regroupent moins de dix élèves alors qu’il y a une offre qui existe à quelques kilomètres.”

En conclusion, entre réformes controversées et promesses audacieuses, Valérie Glatigny secoue le cocotier de l’enseignement belge. Les changements sont nombreux et profonds : nouveaux rythmes scolaires, réforme du qualifiant, intégration du numérique et de l’IA, renforcement de l’apprentissage des langues, révision du Pacte d’excellence… Reste à voir si ces changements porteront leurs fruits ou s’ils alimenteront de nouvelles tensions dans le monde éducatif.