La ministre-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles Élisabeth Degryse a confirmé que l’indexation du salaire des enseignants sera retardée d’un mois. “Une mauvaise nouvelle parmi beaucoup d’autres”, réagissent les syndicats. Il n’y aura pas d’action syndicale spécifique en réaction.

La confirmation est tombée ce lundi, de la bouche de la ministre-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Élisabeth Degryse (Les Engagés). À l’avenir, l’indexation automatique des salaires des enseignants sera retardée d’un mois, comme ce sera le cas pour les autres fonctionnaires.

Le gouvernement fédéral avait décidé dans son “accord de Pâques” de décaler d’un mois l’indexation des salaires des fonctionnaires. À l’heure actuelle, le salaire des agents de la fonction publique est indexé deux mois après chaque dépassement de l’indice-pivot, mais l’Arizona a décidé de porter dorénavant ce délai à trois mois. Depuis l’annonce de cette mesure en début du mois, le trouble subsistait pour savoir si elle s’imposerait aussi aux quelque 120 000 enseignants de la Communauté française.

Pas avant 2026

Lundi, en commission du parlement, Mme Degryse a levé tout doute : “La décision du Fédéral s’applique automatiquement aux enseignants ainsi qu’au personnel de l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles”, a-t-elle annoncé. Ce délai d’un mois supplémentaire pour indexer les salaires des profs devrait permettre à la Fédération d’économiser 10 millions d’euros à chaque dépassement de l’indice-pivot. Le prochain n’est toutefois pas attendu avant février 2026.

On s’en doute, cette confirmation n’est pas accueillie avec le sourire au sein de la profession. Luc Toussaint, président de la CGSP-Enseignement (syndicat socialiste) dénonce “une mauvaise nouvelle parmi beaucoup d’autres”. “Dévaloriser encore le métier ne va pas arranger la pénurie. On voit là un gouvernement de droite qui mène une politique de droite. On dit que ce retard d’indexation ne sera pas si douloureux ? Mais cela dépendra de l’inflation et du nombre de fois que l’indexation sera retardée. À chaque fois, les enseignants perdront 2 % de traitement pendant un mois.”

Soixante euros perdus à chaque indexation

À chaque indexation, les enseignants perdront donc quelques dizaines d’euros. Une quarantaine d’euros pour un instituteur en début de carrière, une bonne soixantaine pour un professeur plus expérimenté (“Les traitements des enseignants sont plafonnés après 27 ans de carrière”, rappelle Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC-Enseignement).

Vous savez que la dernière véritable augmentation des barèmes des enseignants date de janvier 2010 ? Nous n’avions que l’indexation et maintenant, on nous la retarde. Cela fait mal.

“Cette annonce tombe mal, à un moment où l’on crée des groupes de travail pour réfléchir à l’attractivité du métier et à endiguer la pénurie, commente le syndicaliste chrétien. L’indexation, ce n’est pas un détail, d’autant que cela s’ajoute à d’autres attaques contre la fonction publique (pensions, etc.). Vous savez que la dernière véritable augmentation des barèmes des enseignants date de janvier 2010 ? Nous n’avions que l’indexation et maintenant, on nous la retarde. Cela fait mal. C’est mal reçu dans la profession.”

Pas d’action syndicale spécifique

Le décalage de l’indexation des traitements ne devrait toutefois pas déclencher d’actions syndicales spécifiques, confient les deux représentants des enseignants. “On n’en est pas là”, lâche Roland Lahaye. Le combat syndical est plus global et s’étend à toute la fonction publique, au non-marchand, et se mène au niveau interprofessionnel.

Au Parlement, l’opposition de gauche a également dénoncé la mesure annoncée le gouvernement MR-Engagés. Le PTB a fustigé une perte de pouvoir d’achat pour les enseignants. Et pour le chef de groupe PS Martin Casier, “alors que ce métier est en pénurie, cette mesure va entraîner des pertes de salaires pour les enseignants, ce qui va inévitablement entraîner une moindre attractivité du métier”.