Les pouvoirs organisateurs de l’enseignement accueillent mardi avec amertume la décision du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) d’obliger dès l’an prochain les écoles fondamentales à assurer la gratuité scolaire pour tous les élèves de la maternelle jusqu’à la 6e primaire, tout en réduisant les financements dévolus à cet objectif.
“Le gouvernement a décidé de transférer la responsabilité de la gratuité vers les écoles, mais en leur donnant moins de moyens financiers pour le réaliser!”, s’offusque Philippe Barzin, le secrétaire général du CECP, l’organe qui représente l’ensemble des écoles fondamentales communales, lesquelles scolarisent 53% des élèves de maternelles et de primaires en Wallonie et à Bruxelles.
“Quand une autorité décide de transférer une compétence vers un autre niveau, les moyens financiers qui y sont liés sont d’habitude transférés, mais ici ça ne sera pas le cas”, peste M. Barzin.
Cette décision du gouvernement impactera en outre bien davantage les écoles communales, lesquelles accueillent proportionnellement davantage d’élèves à indice socio-économique faible que les autres réseaux d’enseignement, selon M. Barzin.“Je suis horrifié de voir à quel point ce gouvernement n’a qu’une vision budgétaire, et non pas un souci de défense de l’enseignement!”, confie, visiblement meurtri, le responsable du CECP.
Après avoir annoncé le 10 octobre dernier la fin de la distribution généralisée de fournitures gratuites jusqu’en 3e primaire, la ministre de l’Education Valérie Glatigny a opéré un virement de bord à 180 degrés.
Lundi, en commission du parlement, la ministre a annoncé le rétablissement, dès l’an prochain, de la gratuité scolaire pour tous les élèves jusqu’à la fin de la 6e primaire cette fois. Une mesure à charge des écoles, mais avec une réduction de moitié des subsides liés à cet objectif (de 24,2 millions à 11 millions d’euros par an).
La réaction à cette annonce n’est pas plus tendre du côté de l’enseignement libre catholique.
“C’est une mesure inacceptable et totalement irréaliste”, commente ainsi Alexandre Lodez, le secrétaire général du SeGEC, la structure qui chapeaute toute l’enseignement catholique en Fédération Wallonie-Bruxelles.
“Irréaliste, car les petites écoles ont déjà aujourd’hui toutes les difficultés à nouer les deux bouts. Pour elles, ça va être impossible de financer cette gratuité sur leurs budgets de fonctionnement. Ou alors elles vont devoir choisir entre mettre le chauffage ou distribuer des fournitures scolaires gratuites…”, avertit le patron du SeGEC.
Cette responsabilisation accrue des écoles est d’autant moins praticable, selon M. Lodez, que le gouvernement vient de décider lors de son récent conclave de geler l’indexation des dotations de fonctionnement aux établissements.
Les acteurs de l’école sont attendus ce jeudi au cabinet de la ministre Glatigny pour se faire détailler l’ensemble des dernières mesures budgétaires du gouvernement. Une réunion qui s’annonce d’emblée dans un climat électrique vu la grogne généralisée du monde de l’école.
Egalement courroucés par les décisions du gouvervement MR-Engagés, les syndicats des enseignants appellent leurs affiliés à se croiser les bras le 10 novembre prochain pour dénoncer les mesures d’économies imposées au secteur. Les profs sont aussi invités à faire grève le 25 novembre prochain dans le cadre des trois jours de grève nationale décrétés par les syndicats interprofessionnels contre les mesures du gouvernement fédéral.

