Certains profs vont devoir passer plus de temps en classe… Combien d’heures travaillent-ils déjà réellement ? – RTBF ACTUS

L’annonce est tombée ce vendredi dans le cadre du budget 2026 de la Fédération Wallonie-Bruxelles : les enseignants du cycle secondaire supérieur devront passer deux heures de plus en classe par semaine. Qu’est-ce que cela représente dans l’horaire d’un enseignant et combien d’heures les « profs » travaillent-ils déjà réellement en moyenne ? Les informations en la matière sont parfois limitées mais on tente de faire le point.

Deux heures de plus en classe par semaine dès la prochaine rentrée pour tous les profs de la 3e à la 6e secondaire. C’est sans doute la plus grosse mesure prise par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce vendredi pour réaliser des économies dans l’enseignement.

C’est en réalité une harmonisation de leur horaire sur celui de leurs confrères des deux premières années du secondaire, qui prestaient déjà vingt-deux heures par semaine, au lieu de vingt dans le secondaire dit « supérieur ».

Cela représente donc concrètement une augmentation de 10% de la prestation hebdomadaire devant les élèves pour les enseignants concernés (les enseignants de plus de 60 ans et ceux du spécialisé étant immunisés). Cela, sans être mieux rémunérés. Même si le salaire des profs du secondaire supérieur était déjà 25% plus élevé que celui de leurs confrères de l’inférieur. Les premiers étant détenteurs d’un master universitaire et pas les seconds.

Un nombre d’heures de cours différents selon le « public »

De manière générale, le nombre d’heure de cours hebdomadaire peut aller de dix-huit (dans le secondaire spécialisé) à vingt-six (dans le maternel ordinaire). L’essentiel des profs étant plus autour de vingt-quatre heures de cours par semaine en primaire et donc, désormais, vingt-deux dans tout le secondaire.

On notera qu’il s’agit bien évidemment « d’heures de cours » de cinquante minutes et non d’une heure pile, comme cela a toujours été la norme dans l’enseignement. Globalement, on peut donc plutôt parler de vingt heures passées face aux élèves chaque semaine en primaire et dix-huit dans le secondaire.

Un temps de travail régulièrement sous-évalué

Toutefois, on le sait, ce temps de travail passé en classe est loin, très loin, de représenter l’intégralité du travail réalisé par les enseignants, toute année confondue.

À ce sujet, un syndicat comme la CSC distingue habituellement le travail en classe, du travail pour la classe. Un travail moins visible mais tout aussi important dans lequel on peut notamment citer, pêle-mêle : la préparation des cours (recherche, rédaction, copies, supports, etc.) ; les corrections et l’encodage des évaluations ; ou la tenue du journal de classe (y compris en format électronique). À cela, on peut aussi régulièrement ajouter un travail en tant que titulaire de classe (confection des bulletins, rapports disciplinaires, réunions de parents) ou encore de gestion pédagogique plus spécifique (en collaboration avec le centre PMS ou avec des parents en dehors des heures prévues à cet effet). Sans oublier tout le travail d’équipe avec le reste du personnel de l’école : conseils de classe ; réunions d’équipe ; surveillance ; conseils de discipline, etc. On pourrait encore citer les diverses activités socioculturelles organisées par les enseignants au sein de l’école et bien sûr tout le temps de formation en cours de carrière.

Bref, les représentants des professeurs estiment en général que l’on peut facilement doubler le temps de travail des professeurs par rapport au temps qu’ils passent en classe, au contact direct des élèves. On serait alors plutôt autour des quarante heures de travail hebdomadaires.

Une estimation qui rejoint les résultats de l’une des rares études scientifiques menée sur le sujet. En 2024, une équipe de la VUB a demandé à près de 9600 enseignants flamands d’enregistrer minutieusement leurs heures de travail en dehors des cours grâce à une application de suivi. Le résultat fut sans appel : ils ont constaté des temps de travail moyens de 46 heures par semaine. Bien au-delà d’un temps plein « classique » de 38 heures/semaine. On notait même en moyenne 17 heures de travail pendant les vacances scolaires.

Un nombre d’heures réel encore dans le flou

Malgré ces données, le nombre d’heures prestées par les enseignants n’a jamais été officiellement objectivé, ce qui alimente les désaccords constants sur la question.

À ce sujet, la Déclaration de politique communautaire (DPC) de l’actuel gouvernement MR-Engagés prévoit justement « l’évaluation et, le cas échéant, l’ajustement des différences de charge de travail entre les enseignants de disciplines différentes ». Ce qui a eu l’art de hérisser les syndicats enseignants qui, bien qu’ils plaident depuis des années pour mieux objectiver le travail réel des enseignants, y ont vu une volonté de, d’emblée, diviser les profs entre ceux qui en feraient « plus » et d’autres « moins ».

On sait cependant que la charge du travail hors classe peut effectivement varier en fonction du profil de l’enseignant. Un jeune prof devra fournir un travail de préparation encore plus important qu’un collègue disposant déjà de nombreux cours prêts à l’emploi. Les copies de l’enseignement secondaire supérieur peuvent être plus compliquées à rédiger et corrigées (c’était d’ailleurs la raison pour laquelle les profs concernés avaient moins d’heures de cours à la base). Une partie du travail abattu en équipe, pour l’école ou en faveur d’activités socioculturelles supplémentaires dépend aussi de l’implication des enseignants au niveau individuel.

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