Dans sa déclaration de politique communautaire (DPC), le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (MR-Engagés) a inscrit, à propos de l’enseignement, la nécessité d’agir pour “améliorer le climat scolaire”. Selon le gouvernement, cela doit passer “par un retour à l’autorité et au respect des enseignants dans leur classe”.

Pour mener cette politique à bien, la ministre de l’Education, Valérie Glatigny (MR) a souhaité obtenir des données et des indicateurs afin de mesurer ce respect à l’égard des enseignants et des directions.

Elle a donc lancé, en septembre dernier, un “baromètre du respect”. Des faits inquiétants remontés aux oreilles de la ministre ou des témoignages dont elle a eu connaissance ont aussi motivé la mise sur pied de ce baromètre. “Par exemple, une institutrice primaire à Bruxelles frappée par un élève de primaire”, explique la ministre. Ou encore “l’explosion du nombre de recours contre des décisions d’enseignants” ou “des professeurs qui n’osent plus enseigner certains faits scientifiques”, poursuit la ministre.

110.000 questionnaires ont été envoyés aux enseignants et directeurs d’établissements scolaires. Un peu plus de 10.000 d’entre eux ont répondu, soit 9980 enseignants et 348 directeurs. A son lancement, le questionnaire avait fait l’objet de critiques de la part des associations de parents et du comité des élèves (CEF) qui dénonçaient les biais de l’enquête.

Si une majorité des répondants (78,6%) se sentent “toujours” ou “souvent” respectés dans leurs interactions quotidiennes avec les élèves, 95% disent avoir déjà été confrontés à un manque de respect de leurs élèves. Autre point, 62% des enseignants déclarent s’être autocensurés au cours des cinq dernières années à propos de l’enseignement de faits historiques ou scientifiques.

Respectés par les élèves, la hiérarchie, les collègues. Moins par les familles
A la question “dans vos interactions quotidiennes avec les élèves/étudiants/apprenants, vous sentez-vous respecté(e) dans votre autorité et vos décisions pédagogiques, une grande majorité des enseignants qui ont répondu à l’enquête ont répondu “souvent” à 62.9% ou “toujours” à 15.7%, soit 78.6% des enseignants qui ont un ressenti positif par rapport à ce respect.

95% des enseignants ont toutefois répondu avoir déjà été confrontés à un manque de respect de la part de leurs apprenants, dont 39.4% plus de 10 fois au cours des 5 dernières années.

Les enseignants se sentent-ils respectés par la famille ? Là, les résultats sont plus nuancés. 48.6% des enseignants se sentent “toujours” ou “souvent” respectés par la famille. 35.7% se sentent “parfois” respectés et 15.7% rarement ou jamais respectés.

Une majorité d’enseignants (59.69%) se sentent aussi “toujours” ou “souvent” respectés par leur hiérarchie et une large majorité (91.9%) se disent “très” ou “assez souvent” soutenus par leurs collègues en cas de différend pédagogique.

67.1% des enseignants estiment que le métier est peu valorisé par la société.

L’autocensure : une problématique “inquiétante”
L’enquête révèle aussi que 62% des enseignants disent s’être déjà autocensurés au cours des cinq dernières années.

Il était demandé aux enseignants combien de fois ils ont été confrontés à l’autocensure au cours des cinq dernières années. 13.1% des répondants disent l’avoir été plus de 10 fois, 13.8% entre 5 et 10 fois et 35.1% moins de 5 fois.

L’enquête ne précise pas dans quelles situations cette autocensure est intervenue. La ministre a cependant des exemples. “C’est par exemple un enseignant qui va hésiter à enseigner la théorie de l’évolution ou qui va ne pas, par exemple, décider de montrer un appareil reproducteur féminin parce qu’il craint les réactions, ou la photo d’une sculpture antique nue par exemple”, explique Valérie Glatigny.

Face à ce phénomène d’autocensure, la ministre estime qu’il faut “soutenir les enseignants”. “C’est tout à fait essentiel que nos enseignants se sentent soutenus lorsqu’ils vont vraiment faire une référence à un savoir qui est compris dans un référentiel”, explique-t-elle. “Ne plus oser enseigner l’histoire de la Belgique par exemple, parce qu’on ne sait pas comment enseigner le colonialisme ou ne pas oser, par exemple, parler de la Shoah parce qu’on a peur des réactions dans le contexte actuel de tension et de la guerre à Gaza, ce genre de choses est tout à fait inquiétant”, estime la ministre. “Il faut pouvoir soutenir nos enseignants face à ces inquiétudes”, poursuit-elle, envisageant notamment un “soutien via la direction pour que nos enseignants ne se sentent pas sujets à des pressions ou des intimidations”.

De manière plus générale, la ministre liste une série de pistes à destination, des enseignants, des parents, des hiérarchies, notamment, pour améliorer le respect des enseignants.